De nouveau, quinze parlementaires de gauche demandent la légalisation du cannabis et la mise en place d’un service public qui serait chargé de la production et de la vente du cannabis.
Une industrie très lucrative
Quelle forme prendrait cette légalisation du cannabis à travers un service d’État ? Celle d’un monopole national de production, l’État vendrait les graines de plants de cannabis à des agriculteurs, et celle d’un monopole national de distribution. À la clé : 30.000 emplois créés et 1,3 milliard de recettes pour l’État via les taxes et les cotisations sociales.
"Quelle serait l’ambition de ce service public ? s’interroge Véronique Jacquier. Mettre à mal un marché noir ou stimuler une industrie très lucrative ? Les deux ! Il y a une ambiguïté ! On ne parle pas d’une substance anodine. On parle d’une drogue. L’État deviendrait donc un dealer. Moralement, c’est très dérangeant !".
Quelle politique de santé publique ?
Quels sont les arguments des pro-légalisation du cannabis ? D’abord, le fait que la répression ne marche pas. Ensuite, la qualité de la drogue, qui pourrait être contrôlée. Enfin, l’argent qui servirait à faire de la prévention auprès des jeunes. "C’est vrai, la France est le pays où la consommation est la plus élevée en Europe, constate Véronique Jacquier. Mais que se passe-t-il quand on regarde les pays où le cannabis a été légalisé et contrôlé ?". Au Colorado par exemple, le marché noir ne baisse pas et ce, pour deux raisons. D’abord, le prix du cannabis vendu via le service public est plus cher que celui que l’on peut trouver au coin de la rue. Ensuite, il est prouvé que le cannabis qui se vend sous le manteau est de plus en plus fort, de plus en plus dangereux. "On imagine mal l’État proposer des molécules encore plus planantes. Le service d’État est une fausse bonne idée. Il n’endiguera pas les trafics."
Et en termes de santé publique ? "Les jeunes ont besoin d’interdits, de limites, estime Véronique Jacquier. Le cannabis est une drogue dont certaines molécules sont intéressantes à but thérapeutique. Mais d’autres provoquent des ravages dans le cerveau. À 17 ans, un jeune sur deux a testé le cannabis ; un sur douze est un consommateur dépendant ou en souffrance. On passe trop sous silence les conséquences du cannabis au volant, dans l’ensauvagement de notre société. Nous sommes beaucoup trop complaisants avec l’usage de cette drogue. La légalisation rimera avec l’abandon d’une véritable politique de santé publique".
Retrouvez "Info Vérité" du lundi au vendredi avec Véronique Jacquier à 7h10 et 9h15 sur Sud Radio, dans la matinale de Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
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