Une étiquette humoristique sur une bouteille de vin a énervé un syndicat de commissaires de police. Mais pour Élisabeth Lévy, il faut rire de ce genre d'humour, même parfois de mauvais goût.
"Ce dessin de Charb date de 1995, mort le 7 janvier 2015. Il faisait partie d’une série de dessins de la bande de Charlie pour Gérard Descrambe, ami viticulteur dans le bordelais. On y voit un policier au nez rouge lever son verre de vin (également rouge) en clamant : "Le partenaire de mes bavures". Bouteille en vente dans un Carrefour City de Nantes".
"Cela a énervé le SCPN, syndicat de commissaire de police: "C’est une insulte à une profession, c'est indigne de cette enseigne". Il exige une réaction de l’enseigne qui demande prudemment des détails en message privé".
"Cette caricature a suscité une flopée de tweets certains menaçant de boycotter Carrefour si elle ne retirait pas la bouteille tandis que d’autres exhumaient un tweet de 2015 du même syndicat déclarant "Je suis Charlie". Il est vrai que censurer un dessin de Charb, ce serait le tuer une deuxième fois".
Dans le climat actuel, cette caricature anti-police n’est pas de très bon goût, si ?
"Le mauvais goût est un droit de l’homme. La liberté d’expression qui ne choque personne n’a pas plus de sens que l’humour gentillet. En plus, je trouve que ce dessin est hilarant. Le flic bourré fait partie de notre mythologie comme l'est Astérix. Personne ne pense que les policiers sont alcooliques à cause de cette bouteille".
"Je trouverais tout aussi rigolo la même étiquette avec un bellâtre disant :"Mon secret pour qu’elles disent oui" ou Mahomet proclamant: "Je n’aurais jamais dû interdire ça…". Grâce au rédacteur en chef de FrontPopulaire, j’en ai des palanquées dont une tablette de chocolat affichant un handicapé avec la mention : pas de bras, pas de chocolat".
"Bien sûr, personne n’osera. Dommage pour tous ces groupes, privés d’un immense plaisir pour adultes : faire marrer ses contemporains. Ce qui pourrait arriver de pire aux blondes, aux féministes, aux juifs aux noirs aux petites, aux unijambistes roux et aux flics, c’est qu’on n’ose plus se payer leur tête".
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