La descente ne va durer que quelques heures après six mois passés à bord de l’ISS, à quelques 350 kilomètres de la planète Terre. L’astronaute français Thomas Pesquet doit atterrir exactement à 16h09 dans les plaines du Kazakhstan. Un horaire très précis, "la magie de la mécanique orbitale", explique Olivier Sanguy rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’Espace, invité de Sud Radio vendredi. "On peut prévoir les événements dans le spatial à la minute, voire à la seconde près. Ceci dit, il y a un petit delta de différence possible parce que la phase finale se fait sous parachute. Là, on dépend un petit peu du vent et de la condition atmosphérique".
Dernier coup d’œil à notre vaisseau-mère, chef-d’œuvre de technologie. L’#ISS est unique en son genre, presque magique… Elle va me manquer. pic.twitter.com/itVvt7lK8I
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) June 2, 2017
"La capsule secoue dans tous les sens"
Le retour sur la terre ferme s’annonce tout de même plutôt dur à en croire Olivier Sanguy. Après avoir quitté la Station spatiale internationale dans le module Soyouz, l’astronaute Thomas Pesquet va se diriger lentement vers la terre à près de 28 000 km/h. "Les choses sérieuses vont commencer à 15h17 exactement, détaille Olivier Sanguy. Le Soyouz va légèrement ralentir et va perdre à peine 500 km/h. Il va ensuite descendre, rentrer dans l’atmosphère, et au fur et à mesure, il rencontrera plus d’air et freinera. La température va alors monter jusqu’à 1 600°C".
Des chiffres hallucinants pour le commun des mortels, et pourtant ce n’est pas la partie la plus mouvementée de ce retour sur Terre. Quelques instants après être rentré dans l’atmosphère, un parachute de "1 000 m²" va se déployer, un moment où "la capsule secoue dans tous les sens", raconte Olivier Sanguy. Enfin, à seulement "70 centimètres du sol, six rétrofusées s’allument" pour "descendre à la vitesse de 5 km/h". "L’astronaute italien de l’Agence spatiale européenne Paolo Nespoli dit 'c’est comme être dans une petite voiture avec un camion qui arrive derrière'", confie Olivier Sanguy.
We’ve tested our spacesuits & spacecraft: everything is A-OK. @AstroPeggy is staying an extra few months to return with @Astro2fish & Fyodor pic.twitter.com/NlYwGx7bfz
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) 29 mai 2017
Quelques minutes après cette atterrissage, le module va pouvoir être ouvert pour faire sortir l’astronaute français Thomas Pesquet et son collègue russe Oleg Novitski. Ils seront immédiatement pris en charge par une équipe médicale qui va s’assurer de leur bonne santé. L’astronaute français prendra ensuite la direction de Cologne où il restera en observation. En effet, en seulement six mois dans l’espace, le corps des astronautes a "complètement changé parce qu’il s’est adapté à l’impesanteur", précise Olivier Sanguy. "Par exemple, sur Terre, le cœur fait des efforts pour amener le sang à la tête. Là haut, ça ne se passe plus. Son système digestif a changé, son immunité aussi". L’astronaute français a également grandi de cinq centimètres dans l’espace grâce à l’impesanteur.
Plusieurs mois pour se réadapter à la vie sur Terre
Pour Thomas Pesquet, l’adaptation devrait prendre de "quelques heures à plusieurs mois", notamment pour récupérer les "10 % de masse osseuse" perdus dans l’espace. Une période où l’astronaute sera toujours suivi par une équipe médicale pour tenter de comprendre quels sont les mécanismes d’adaptation et de récupération. "Thomas Pesquet, pendant plusieurs mois, est encore un cobaye", résume Olivier Sanguy.
Mais il n’y pas que son corps qui intéressent les scientifiques. À bord de la Station spatiale internationale, l’astronaute français a participé à une soixantaine d’expériences, ce qui fait de sa mission "la plus rentable" selon Olivier Sanguy. Il a notamment réalisé des expériences sur la combustion dans l’espoir de faire des moteurs plus propres. "On fait aussi beaucoup de médical, à la fois pour comprendre comment l’homme peut s’adapter pour des voyages spatiaux à long terme mais aussi des études médicales qui ont des conséquences pour nous terriens". Olivier Sanguy cite notamment les recherches sur l’ostéoporose qui ont permis de démontrer les bienfaits du sport pour les personnes atteintes de cette maladie.
Suivi de la pression exercée sur les yeux et le cerveau avec l’expérience Fluidshifts: l’impesanteur ne ménage pas le corps! #tuesdayscience pic.twitter.com/Z8XnqjSKYV
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) 30 mai 2017