Céline Revel-Dumas : "Tout le monde a le droit de fonder une famille"
Céline Revel-Dumas définit l’argumentaire de la GPA comme étant "celui de la liberté de procréer et du droit de créer une famille". Selon elle "Ce sont les grands arguments des partisans de la GPA". "Il faut bien comprendre que ce discours se fonde sur le discours d’une parentalité sociale, d’une parentalité fondée sur la volonté, tout simplement parce qu’on sépare l’enfant de son lien charnel", estime l’auteure de GPA, le grand bluff. Pour elle, "Daniel Borrillo qui est un grand juriste très favorable à la GPA nous explique que c’est une volonté procréationnelle".
Selon Céline Revel-Dumas, les partisans à la GPA "ne le formulent pas comme un droit à l’enfant, ils insistent sur le besoin de créer une famille, ce qui est tout à fait compréhensible". "Tout le monde a le droit de fonder une famille sauf qu'en général on n’a pas besoin de demander l’autorisation à l’Etat", estime-t-elle. Elle rappelle qu’ "il faut demander une autorisation à l’Etat parce que ce n’est pas une procréation naturelle ou classique".
"Sous-couvert de discours de parentalité sociale, en réalité ils veulent un enfant qu’ils appellent leur enfant"
"Ce sont des couples qui ne peuvent pas procréer naturellement qui ont accès à la GPA. Il y a des couples hétérosexuels et homosexuels", explique l’auteure. "Pour les couples hétérosexuels il y a une infertilité du côté de la femme pour la GPA, et pour les couples homosexuels il y a une infertilité liée au doublage des sexes dans le couple", explique Céline Revel-Dumas. Pour les couples gays hommes, "ils veulent passer par une femme qui est rémunérée la plupart du temps pour ça", explique la journaliste. Selon elle, "là où il y a un bluff, une entourloupe, c’est que sous-couvert de discours de parentalité sociale, en réalité ils veulent un enfant qu’ils appellent leur enfant, ce sont leurs mots".
Pour Céline Revel-Dumas, ils désirent "un enfant génétique". "Il y a des études très intéressantes, qui montrent que pour les couples hétérosexuels la solution de la GPA est privilégiée pour avoir un enfant quand ils ne peuvent pas avoir un enfant eux-même", explique la journaliste. "D’abord", poursuit-elle, "en utilisant le sperme du futur père et l’ovule de la future mère quand on peut l’utiliser. Après on privilégie la GPA avec le sperme du père seul, donc toujours un lien génétique mais il n’y en a plus deux, il y en a qu’un seul". "Et puis après mais seulement après, c’est la solution de l’adoption qui est considérée comme ultime recours", explique-t-elle. Céline Revel-Dumas cite Paul Eluard : "Le dur désir de durer, c’est ça qui compte". "D’ailleurs cela échappe à Marc-Olivier Fogiel, lui qui a fait un parcours de GPA qu’il a décrit en 2018 dans qu’est-ce qu’elle a ma famille, à un moment donné, il exprime son désir plus ancien de donner la vie", estime l’auteure de La GPA, le grand Bluff. "C’est un désir viscéral, c’est le désir de l’homme de persévérer dans son être, dit Spinoza", explique-t-elle.
"On va réparer une injustice sociale par une injustice existentielle"
"Le problème c’est de vouloir avoir un lien génétique à tout prix", estime Céline Revel-Dumas. "Et pour autant ce même lien génétique on va le refuser à l’enfant", juge-t-elle. "On va dire que je veux un enfant qui soit en lien charnel avec moi, pour lui transmettre une part de moi et l’enfant lui, il n’aura pas sa mère", explique la journaliste. "Il ne saura pas qui est sa mère parce que quand on fait une GPA, ça veut dire qu’il y a un don d’ovocyte dans la plupart des cas". "On refuse à l’enfant son lien avec la mère", explique Céline Revel-Dumas. Pour elle, il s’agit d’une "chose qui est totalement inégalitaire". "Finalement pour réparer une injustice sociale qui est de ne pas avoir d’enfant parce qu’on ne peut pas procréer, on va réparer par une injustice existentielle", juge l’auteure. "C’est-à-dire que l’enfant né et on lui a déjà retiré délibérément son origine génétique".
"Je suis très attentive au droit de l’enfant, c’est celui qui est sans voix dans cette histoire. On ne l’entend pas et il ne peut pas parler, l’enfant hurle mais n’a pas de voix", déclare Céline Revel-Dumas au micro d’André Bercoff sur Sud Radio. "On peut poser une autre question quand même : quid du droit à la mère ?", explique-t-elle. "La mère elle disparaît", répond-elle. "Je trouve ça complètement inégalitaire, je trouve ça complètement injuste contrairement au discours justement pro-égalité, pro justice que nous tiennent les partisans de la GPA", juge la journaliste.
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