La ville de Nice sera le théâtre de l'expérimentation, une première en Europe, de l'application Reporty, qui permet de filmer, via un smartphone, une incivilité et transmettre directement la vidéo aux autorités.
Pendant deux mois, 2000 personnes seront chargées de tester cette application, qui a déjà suscité certains doutes parmi les associations de défense des libertés individuelles concernant la surveillance par d'autres citoyens.
Elle ne sera pérennisée que si elle est porteuse de résultats
Invité de Seul contre Tous, au micro de Patrick Roger et Philippe David, ce mardi matin, le maire de Nice, Christian Estrosi, a défendu le fait qu'il ne s'agissait, à ce stade, que d'une expérimentation. "Elle ne sera pérennisé que si elle fait la démonstration qu’en termes déontologiques et en terme d’efficacité, elle est porteuse de résultats", a-t-il précisé.
"Lorsqu’il m’a été proposé d’expérimenter et ensuite de faire partager, si c’est porteur de résultats, cette application, je me suis dit que ça pourrait apporter un plus, a poursuivi le maire de Nice. Nous faisons notre première expérimentation à partir de 2000 personnes dont nous savons qu’elles sont, en termes de morale, parfaitement intègres. Ce n’est pas une application dont tout le monde pourra disposer, que l’on soit clairs. Même si elle venait à être pérennisée, les seules personnes qui pourront en disposer sont celles qui se porteront volontaires, dont un comité d’éthique aura examiné le dossier. Si jamais, en termes déontologiques, elles ne respectaient pas la charte d’usage de cette application, elles se verraient retirer immédiatement leur autorisation."
"Prendre les bonnes décisions" et "diriger les équipes pour qu'elles fassent les bons gestes"
Autre invité de l'émission, le chercheur en science politique spécialisé dans la sécurité quotidienne et la police, Mathieu Zagrodzki, avait fait part de son intérêt de chercheur pour les résultats de cette expérimentation, tout en considérant qu'il est "logique que, dans un État de droit, où on est attaché aux libertés individuelles, on se pose la question de ce qui va être fait avec cette application, de l’utilisation des images".
L'application #Reporty, qui permet de filmer des incivilités et transmettre la vidéo aux autorités, expérimentée à #Nice. C'était le sujet du #SeulContreTous avec @cestrosi et @MatZagrodzki #SudRadioMatin @PhDavidMtb @PatrickRogerE #Sécurité
➡️ Podcast : https://t.co/5yQsJxOfB7 pic.twitter.com/vkICUas6M8— Sud Radio (@SudRadio) 16 janvier 2018
Une expérimentation qui ne dure que deux mois, c'est très court
Une inquiétude à laquelle a voulu répondre Christian Estrosi, qui a insisté sur les aspects bénéfiques de l'application en termes de réactivité : "Quand elles vont appuyer sur le bouton, qui affiche l’image qu’elles nous renvoient sur nos écrans des centres de supervision urbains, si on voit que c’est un petit plaisantin, ce sera terminé. S’il s’agit de personnes qui n’ont pas d’autorisation, ça ne s’affichera même pas sur nos écrans. Ne laissez pas croire que ce sera mis à la disposition de tout le monde. (...) On n’est pas du tout dans le ‘Je filme tout ce qui se passe’. Là, la vidéo arrive à la seconde même chez le bon décideur, qui va pouvoir analyser avec son expérience personnelle et un logiciel intelligent qui aide à décortiquer les faits, pour prendre les bonnes décisions et diriger les équipes pour qu’elles fassent les bons gestes et ne prennent pas de risques elles-mêmes."
Dernier bémol, soulevé par Mathieu Zagrodzki, la durée de l'expérimentation, jugée un peu trop courte pour produire des résultats fiables. "Une expérimentation qui ne dure que deux mois, c’est très court, a-t-il expliqué. Il faudrait la faire sur une année, pour étudier les variations saisonnières, voir les éventuelles dérives…"
Réécoutez l'émission Seul contre Tous, présentée par Patrick Roger et Philippe David, chaque matin à 9h30 dans le Grand Matin Sud Radio