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Classes de CP à 12 élèves : la ville de Toulouse est prête mais déplore le timing

Par Mathieu D'Hondt

Jean-Luc Moudenc (maire LR de Toulouse et président de "France urbaine") était ce lundi l'invité de Patrick Roger sur Sud Radio.

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Emmanuel Macron l’a dit et répété durant la campagne électorale, il veut instaurer un système éducatif permettant des classes de CP à 12 élèves dans les établissements situés dans des quartiers dits "difficiles". Si l’initiative - qui entrera en vigueur dès cette année scolaire - est louable, elle est pourtant difficilement réalisable dans les faits. On en parle avec le maire LR de Toulouse Jean-Luc Moudenc.

Bonjour Jean-Luc Moudenc, votre ville de Toulouse est concernée par ce dispositif que veut mettre en place Emmanuel Macron. Êtes-vous prêt ?

Nous sommes prêts, ç'a été à "l'arrache"... Nous avons eu à peine 3 mois pour nous préparer, pour faire des travaux, mais nous sommes prêts. Sur le fond, je crois que c'est une bonne idée de donner plus de moyens, plus d'encadrement pédagogique aux jeunes qui sont dans les quartiers en difficulté. Nous sommes nous-mêmes très engagés dans ces quartiers dans la politique de la ville, à hauteur de 156 millions d'euros, mais nous aurions préféré avoir plus de temps pour préparer dans de meilleures conditions ce type de scindement de classe.

Comment avez-vous fait ? Il a fallu construire des classes, donc plus de mobilier et répartir aussi les enseignants, n'est-ce pas ?

Nous avons effectivement fait des aménagements. Nous avons scindé en deux des classes, nous avons un peu "pousser des murs". Dans certains cas, c'était assez facile, dans d'autres plus difficile. Sur 18 écoles, on a des situations contrastées. Ce que je remarque quand même, c'est que l'Éducation nationale nous a pas mal poussés et ce que je souhaite, c'est que ce type d'aménagement ne se fasse pas au détriment des autres locaux, comme des bibliothèques par exemple. Ça risque d'être un peu le cas ici ou là et ça, ça ne me satisfait pas. 

Certaines communes en difficulté sont furieuses en raison notamment du gel des contrats aidés et ont décidé de les boycotter. Êtes-vous concerné par cette problématique ?

Nous sommes concernés. Je suis en train de faire faire l'évaluation par les services de la ville de Toulouse. J'ai connu une période, il y a environ un an et demi, où l'État nous poussait à prendre beaucoup de contrats aidés. J'étais très réticent parce que je savais bien que ces contrats aidés ne se terminent pas toujours facilement à la fin. Le paradoxe, c'est que l'État va maintenant nous demander le contraire... Ce que je demande à l'État - et nous sommes beaucoup de maires dans cet esprit - c'est que lorsqu'il prend des décisions, ce serait mieux quand même qu'il se concerte avec nous et puis surtout, qu'il veille à une compensation financière puisque l'État tient un langage qui est double donc très étonnant. D'un côté, il nous dit "économisez et dépensez moins" et en même temps, il nous impose telles ou telles mesures qu'il décide seul et qui se traduisent par des surcoûts pour les collectivités locales. C'est très injuste parce qu'il y a quelques années, quand l'État s'est fixé des objectifs d'économie, on a constaté que la moitié à peine de ses objectifs avait été réalisée, alors que les collectivités ont atteint elles 97% de leurs objectifs.

Parmi les contestataires, il y a aussi des enseignants qui vont se mettre en grève car ils disent que cette mesure va se faire au détriment d'autres classes (CM1/CM2) qui vont se retrouver avec plus de 25 élèves.

Il faudra effectivement regarder ce qui va se passer, parce que cette rentrée concerne uniquement les cours préparatoires dans les quartiers difficiles, on appelle ça REP + (Réseau d'éducation prioritaire). Mais il y a une autre échéance qui est celle de septembre 2018, où on doit rescinder en deux les CP et CE1 d'autres quartiers et il y en aura beaucoup plus que cette année. Il faudrait donc qu'à la fin de ce trimestre, on puisse faire un bilan pour savoir quels sont les avantages et les inconvénients et que ça nous aide à nous préparer de manière plus raisonnable afin d'anticiper les rescindements de classes de la prochaine rentrée.

>> Retrouvez l'intégralité du podcast de l'interview :

 

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