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Comment l’État va tuer la santé à domicile

Par La Rédaction

Emmanuel Macron dit vouloir s’attaquer aux déserts médicaux. Mais entre les paroles et les actes, selon les prestataires de santé à domicile, il y a un véritable fossé.

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Aujourd’hui, les salariés des prestataires de santé à domicile prennent en charge deux millions de personnes dans le cadre de maladies chroniques, de la perte d’autonomie ou du handicap. Mais l’avenir de ces emplois de proximité est menacé.

150 millions d'économies imposés par l'État

En effet, le ministère de la Santé leur impose 150 millions d’euros d’économies en 2019. Des économies qui mettent en péril l’avenir des 3.000 agences de prestataires de santé à domicile. Au final, ce sont les patients qui risquent d’en souffrir. Emmanuel Macron veut l’accès aux soins pour tous. Mais comment, en même temps, s’attaquer aux déserts médicaux, désengorger les hôpitaux, mieux adapter le système de santé dans les territoires et couper le budget de la santé à domicile ? C’est en tout cas ce que dénoncent les prestataires de santé à domicile. Ils fournissent dispositifs et matériels médicaux nécessaires : lits médicalisés, pompes à insuline, poches à incontinence, casque anti-apnée du sommeil. Le coffre chargé de matériel médical, Sylvie, infirmière, se rend ainsi au domicile d’un patient qui vient de sortir de l’hôpital "pour vérifier que le malade a bien compris, faire en sorte que le retour à domicile se passe le mieux possible, qu’il sache à qui s’adresser". Ce patient vient de subir une lourde opération chirurgicale. Il vit désormais avec une poche dans laquelle s’évacuent ses selles. Pour le patient, ce service à domicile est essentiel : "On est bien entouré, ça aide. Si on me laisse tout seul, je suis foutu".

La fin annoncée du métier

Mais le gouvernement cherche à faire des économies : 150 millions d’euros en baissant les tarifs de remboursement. "Les prix de vente sont fixés par la Sécurité sociale, comme pour les médicaments, décrypte David Le Cas, directeur du prestataire Medsoft santé. Donc si elle baisse les prix de remboursement de 20%, nous vendons 20% mois cher et nous n’avons plus aucune marge". Pour Jacques Ngouane, autre responsable de ce prestataire, cette décision est incompréhensible alors que le gouvernement mise sur l’hospitalisation à domicile : "Clairement, c’est la fin de notre métier." Or, sans ces prestataires, ce sont les patients qui risquent d’en pâtir, car utiliser ce matériel médical ne s’improvise pas.

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