L’Autriche a décidé de confiner les personnes non-vaccinées à compter du 15 novembre. Est-il, d’un point de vue éthique, possible de confiner des personnes selon leur statut vaccinal en France ?
Confiner les non-vaccinés en France : "il n’y pas de concertation"
"La décision est d’abord fonction de la pandémie, estime Emmanuel Hirsch, président du Conseil pour l'éthique de la recherche et l'intégrité scientifique de l'Université Paris-Saclay. Si l’on se retrouve dans une situation où elle évoluerait très défavorablement et qui justifierait des mesures encore plus contraignantes, en quoi les libertés individuelles pourraient-elles prévaloir sur l’intérêt collectif ?"
"Le grand problème aujourd’hui, c'est que vous avez le sentiment que l’on gère la situation dans l’urgence, et quelquefois dans l’exception. Alors que l’on aurait aussi pu s’inscrire dans une préparation avec différents niveaux, juge ce professeur d'éthique médicale. Vous le voyez bien quand on dit que l’on remet les masques pour l’école. Au niveau gouvernemental, le reproche que je fais, c'est qu’il n’y pas de concertation. Les décisions sont prises de manière abrupte."
Confiner les non-vaccinés en France : "une dimension politique voire polémique"
"Rappelez-vous quand le chef de l’État avait annoncé conditionner le pass sanitaire à une dose de rappel pour les plus de 65 ans. Cela a surpris, donné l’impression que quelque chose d’inquiétant surgissait à nouveau, pour lequel nous ne sommes pas tout à fait prêts." Mais comment anticiper face à un tel virus ? "D'abord en ne disant pas que l’on est revenu à la normale, estime Emmanuel Hirsch. Nous sommes dépendants de variants. Nous avons la chance d’avoir une réponse significative, la vaccination. Effectivement, cela évite l’hospitalisation, c’est ce qui nous est dit, mais ce n’est pas la panacée. Ce n’est pas parce que l’on a la vaccination que rien ne dit que demain il n’y aura pas des choix douloureux."
Par ailleurs, "dans la perspective de l’élection présidentielle, est-ce que les choix du président de la République sont aussi libres, d’une certaine manière, qu’ils l’étaient il y a deux ans ?", interroge ce professeur d'éthique médicale. "Est-ce que que la société consentira ? Ne va-t-on pas attacher à ses décisions une dimension politique voire polémique ? À l’international, je note que nous sommes dans un environnement où il y a énormément de crises qui donnent une impression d’impuissance du politique. Cela peut exacerber un certain nombre de positions."
Emmanuel Hirsch, professeur d'éthique médicale, président du Conseil pour l'éthique de la recherche et l'intégrité scientifique de l'Université Paris-Saclay, était interviewé dans "Sud Radio vous explique" sur Sud Radio le 15 novembre. "Sud Radio vous explique" est diffusé tous les jours à 7h45 dans la matinale animée par Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
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