Le suspense n'aura pas duré longtemps: le chef des députés socialistes Boris Vallaud a confirmé jeudi qu'il était candidat au poste de premier secrétaire du PS pour le congrès de juin, se posant en rassembleur des socialistes, au risque d'une guerre des chefs avec Olivier Faure.
Après avoir publié mercredi une tribune appelant à un congrès de "réconciliation" et "de doctrine", le député des Landes a annoncé qu'il était "le candidat du rassemblement", pour éviter selon lui un nouveau congrès fratricide, comme celui de Marseille en 2023, qui avait divisé les socialistes sur la question de l'alliance avec La France insoumise.
Mais même s'il affirme qu'il n'est pas candidat contre Olivier Faure, sa candidature signale le début des grands manoeuvres pour la direction d'un parti à la longue tradition de luttes intestines.
"Je sais ce qu'a fait Olivier Faure, j'ai été à ses côtés", a-t-il souligné, lorsque le premier secrétaire a repris il y a sept ans un PS à terre après le quinquennat Hollande et l'échec de la présidentielle 2017.
Le député landais, réputé plus consensuel, affirme que sa candidature n'est "pas une candidature de plus mais une candidature collective", alors que plusieurs personnalités sont sur les rangs, outre Olivier Faure: le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy, mais aussi le député Jérôme Guedj et la sénatrice Laurence Rossignol, qui vont déposer ensemble leur propre motion.

Boris Vallaud (g), le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, et Olivier Faure, premier secrétaire du PS, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 29 janvier 2025
STEPHANE DE SAKUTIN - AFP/Archives
Boris Vallaud porte "un discours positif", "ne tape sur personne", et défend un projet de réconciliation autour de "la réaffirmation d'une identité forte" des socialistes et de "la thématique du travail", explique à l'AFP le conseiller départemental du Lot Rémi Branco, qui le soutient.
"On est tous d'accord qu'il y a une gauche qui doit se reconstruire sans Mélenchon. Il faut nous réunir autour de la construction d'un projet", insiste-t-il, affirmant que "n'importe quel militant socialiste doit pouvoir se reconnaître dans nos priorités".
Dans le camp d'Olivier Faure, on reste serein, soulignant qu'il ne s'agit pas d'un duel, car pour être officiellement candidat, il faut d'abord déposer un texte d'orientation (ou motion), et que ce texte soit parmi les deux qui arriveront en tête du vote des militants.
Ce qui signifie que Boris Vallaud devra "passer des accords" avec d'autres courants "sur des lignes politiques qui sont différentes" pour espérer l'emporter, juge un proche d'Olivier Faure.
- "Quelle ligne?" -
"S'il prétend rassembler les socialistes, sur quelle ligne le fera-t-il?", demande le même: "une candidature socialiste solitaire pour 2027, ou un candidat socialiste qui participe à un processus collectif de toute la gauche, hors LFI?".
Boris Vallaud, 49 ans, est sur une stratégie proche de celle d'Olivier Faure: il souhaite une candidature commune de la gauche, sans Jean-Luc Mélenchon, et dans laquelle des socialistes "pourront jouer le premier rôle. Mais celui-ci ne se décrète pas. Il se mérite", a-t-il expliqué.
"J'ai de l'estime pour Boris Vallaud et la façon dont il gère le groupe socialiste", souligne le député Laurent Baumel auprès de l'AFP, mais "Olivier Faure, c'est la garantie d'une continuité dans la ligne stratégique de l'union de la gauche".
"Boris va avoir besoin de clarifier sa ligne politique", abonde l'eurodéputé Pierre Jouvet, proche du premier secrétaire. "Un congrès ce n'est pas seulement un casting, c'est un bilan, une perspective, une ligne de fond", relève-t-il.
Boris Vallaud avait mercredi plus d'une cinquantaine de signatures de partisans, dont des sénateurs et des responsables de fédérations socialistes. Son entourage affirme que les soutiens se poursuivaient jeudi, notamment de jeunes socialistes, et y compris chez des partisans d'Olivier Faure.
Ce que dément l'entourage du premier secrétaire: "Sa majorité ne bouge pas d'un millimètre".
Boris Vallaud n'aura pas en tout cas le soutien de la maire de Paris Anne Hidalgo, proche de Nicolas Mayer-Rossignol.
La position de François Hollande, redevenu très influent dans le groupe socialiste depuis son élection comme député de Corrèze, est particulièrement scrutée. L'ex-président refuse de se prononcer pour un candidat, mais a jugé sur France info que Boris Vallaud faisait "bien son travail" à l'Assemblée.
Par Cécile AZZARO / Paris (AFP) / © 2025 AFP