Toutes les organisations syndicales de la fonction publique appellent à la grève ce mardi. Une unité jamais vue depuis dix ans. Des rassemblements sont prévus un peu partout en France. En cause, le gel du point d'indice, la baisse des contrats aidés ou encore la suppression annoncée de 120 000 postes d'ici 2022.
Bureaux de poste,, hôpitaux, bibliothèques, de nombreux établissements publics seront fermés ce mardi.
Les écoles ne dérogent pas à la règle. Au-delà des enseignants, les directeurs d'école comptent bien se faire entendre. L'un d'entre eux met directement en cause la baisse du pouvoir d'achat : "Depuis 2010, on a perdu environ 9 % de pouvoir d'achat. C'est moins de possibilités de partir en vacances. C'est vraiment une des motivations premières, de revaloriser nos salaires parce qu'à travers cette revalorisation, il y a aussi la reconnaissance de notre métier, de notre rôle dans la société."
Virginie Privat descend elle aussi dans la rue ce mardi. Il y a encore quelques semaines, elle avait une aide pour recruter sous forme de contrat aidé. Ce n'est plus le cas aujourd'hui : "Quand on est en classe et que les parents viennent chercher leur enfant pour aller chez l'orthophoniste, parce qu'on n'a pas de concierge, on va ouvrir. Alors que nous sommes en classe ! Ce n'est plus possible."
Plus que tout, c'est l'impression d'être déconsidéré qui suscite la colère, comme l'explique Catherine Da Silva, elle aussi directrice : "On a vraiment l'impression qu'à chaque fois qu'on décide d'un budget d'austérité, on vise les fonctionnaires et on dit que c'est de leur faute. Ça devient un peu fatigant."
Francette Popineau, porte-parole du syndicat enseignant Snuipp, évoque elle le retour du jour de carence : "Quand le jour de carence avait été mis en œuvre, il avait été démontré que les enseignants, au lieu de s'arrêter une journée, s'arrêtaient deux jours. Donc c'était assez inefficace en termes d'économies publiques. On se demande pourquoi, d'un côté, on grappille trois-quatre sous et, d'un autre côté, on a une politique favorisant les riches. Cette injustice est inacceptable et contribue, sans aucun doute, à nous mettre dans la rue."
Lundi, le gouvernement, par la voix d'Édouard Philippe, le Premier ministre, a tenté d'éteindre l'incendie. Il a déclaré que la hausse de la CSG pour les fonctionnaires serait compensée par le versement de primes. Problème : Qui va payer l'addition pour les fonctionnaires territoriaux ? C'est l'inquiétude du maire de Castanet-Tolosan, Arnaud Lafon, qui craint que les collectivités soient obligées de mettre la main au porte-feuille : "Jusqu'à preuve du contraire, les feuilles de paie sont établies par les CT, pas par l'État. Quand l'État, d'un côté, revalorise le traitement des agents de fonction publique et, de l'autre côté, vous baisse les dotations, la peine est double. On n'a pas de capacité autre que de faire des économies sur nos investissements, ou augmenter la fiscalité locale pour pouvoir abonder le budget du personnel ou supprimer des effectifs de fonction publique pour mieux rémunérer ceux qu'il reste."
Propos recueillis par Steven Gouaillier pour Sud Radio