La conférence de presse d’Édouard Philippe dimanche 20 avril a-t-elle été rassurante ? "On n’a pas appris grand chose, estime Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l’UFML, l’Union française pour une médecine libre. On a eu une démonstration pendant une heure et demi. On se serait cru mi mars, à nous expliquer un tas de choses que l’on savait déjà".
Tester les cas asymptômatiques
Pourquoi cette déception ? "On s’attendait à beaucoup plus de détails sur le déconfinement, et en fait, nous avons eu un catalogue de mesures. Les choses avancent quand même, mais sans doute trop lentement". Qu’est-ce qui avance ? "On est en train de multiplier les tests pour être en capacité de tester une grande partie de la population. Rappelons que, pour l’instant, seulement 0,5% de la population a été testé. C’est peu. On peut regretter que l’on ne teste que les cas symptômatiques, alors que la proportion de cas asymptômatiques est très importante. Il n’y a qu’à voir le cas du porte-avions Charles de Gaulle où, sur 1.100 personnes contaminées, 50% le sont. On voit mal comment on pourrait éteindre cette pathologie…".
Pour le président de l’UFML, "cette pathologie va nous accompagner plusieurs mois encore vu que l’on n'a pas 10% de la population immunisé, pas de traitement, pas de vaccin, peu de tests… La mesure principale, c’est vous, moi, tout le monde, qui va tout faire pour que le déconfinement fonctionne. Nous savons qu’il y a quantité de formes graves. Nous ne pouvons pas multiplier les contaminations pour jouer l’immunisation de groupe".
Des masques pour tous dans les transports
Alors, faut-il ou non porter des masques sans attendre ? "Il est évident qu’il faut porter des masques dès maintenant et que ce n’est pas une mesure complément au fait de se laver les mains, estime le docteur Marty. C’est une mesure indispensable, du fait qu’il y ait de nombreux cas asymptômatiques. On met le masque pour protéger l’autre". Certes, mais quel masque porter ? "Les masques en tissu, alternatif, sont adaptés pour faire barrière, éviter que vous lâchiez des postillons sur vos voisins, des microparticules. C’est suffisant si tout le monde en met un. Pour le personnel soignant, il faut des masques FFP2. N’en déplaise au gouvernement, nous avons besoin de masques de protection respiratoire. Et puis, il faut des masques chirurgicaux pour les soignants. Il en faudrait des dizaines de millions par jour, et nous ne sommes pas en capacité de les produire actuellement".
Faudrait-il également porter des masques dans les transports ? "Oui, il le faut ! Il faut qu’ils soient obligatoires dans tous les moments où l’on rompt la distanciation physique, ce que l’on dit depuis plusieurs semaines. Il va sans doute falloir surveiller que tout le monde les met, car si quelques-uns ne les mettent pas, à ce moment cela fait peser un risque. Les gants, ce n’est pas vraiment une bonne mesure. La bonne mesure, c’est de mettre à disposition de quoi se laver les mains, des solutés hydroalcooliques. Il y a de nombreux pays où, dans les magasins et les transports, on en met à disposition pour se laver les mains".
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