Dans l’agglomération de Strasbourg, les jeunes de moins de 16 ans ne pourront pas festoyer dans la rue pour le 31 décembre. La Préfecture instaure un couvre feu de 22 heures à 6 heures. Une mesure totalement injuste clame Élisabeth Lévy.
"Ils ne pourront pas festoyer dehors et surtout, ne pourront pas brûler de voitures. Depuis 1997, c’est une tradition, comme le foie gras et le marché de Noël. Pourquoi à Strasbourg, plus précisément dans les quartiers pudiquement dits sensibles ? Je l’ignore, mais c’est un fait".
"Pourquoi les moins de 16 ans ? Ils ne sont pas les seuls à brûler des voitures, des abribus ou à s’en prendre aux pompiers mais, pour eux, la sanction pénale pratiquement inexistante. Autrement dit, notre droit n’est pas adapté au nouveau visage de la délinquance. Si un jeune de 15 ans peut attaquer des policiers, brûler les voitures ou vendre de la drogue, agissements autrefois réservés à l’âge adulte, il peut être jugé et sanctionné comme un adulte, à charge pour les magistrats de moduler leur sévérité en fonction de l’âge".
Donc, dans l’état actuel du droit, cette mesure du couvre feu n’est pas absurde ?
"Absurde non, car le problème réel. Il y a même un léger progrès. Il y a quelques années, les policiers ne donnaient plus le compte des voitures brûlées et demandaient aux médias de ne pas trop en parler pour ne pas nourrir une compétition du crime entre les cités (c’était à celle qui causerait le plus de destructions, preuve de la sottise abyssale des auteurs.) Bref, il fallait casser le thermomètre vu qu’on ne savait pas faire tomber la fièvre".
"Cependant, c'est doublement problématique. C'est un aveu d’impuissance. On ne peut pas empêcher ce vandalisme qui, au passage, frappe surtout des pauvres ayant impérieusement besoin de leurs voitures. Et d’ailleurs, cette mesure ne l’empêchera pas".
"Et puis, c'est terriblement injuste. À cause des racailles, on interdit à des jeunes pacifiques de faire la fête une fois par an. Non ! La loi n’interdit pas de fêter la nouvelle année, mais de brûler des voitures. Au lieu de décréter une punition collective, le boulot du Préfet c’est de la faire respecter".
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