Plus d’un infirmier sur deux est en situation d’épuisement professionnel : l’Ordre national des infirmiers sonne l’alarme.
L’humanité des soins en train de disparaître
"Nous avions déjà mené des enquêtes pendant la période Covid et au sortir, explique Patrick Chamboredon, président du Conseil National de l’Ordre des Infirmiers, infirmier à l’AP-HM - Marseille. 30% nous signalaient un phénomène d’épuisement professionnel. Là, le chiffre a doublé. Les conditions de travail sont décrites comme compliquées, avec une augmentation de la charge, des tournées en ville comme à l’hôpital. 40% veulent abandonner la profession."
Est-ce un effet de la fatigue ? "C’est sûr, cela fait partie du contexte. Cette épidémie persiste, on ne voit pas le bout du tunnel. On se dit qu’il va falloir vivre avec. Mais dans quelles conditions ? On voit la difficulté de prendre en charge les patients au quotidien. On fait les gestes techniques, mais tout ce qui est relationnel, ce qui fait l’humanité dans la souffrance, la maladie, on voit que cet esprit est en train de partir. "
Un besoin d'évoluer au fil du temps
"Il existe des tensions sur le personnel, pas que pour les infirmiers : médecins, aide-soignants, sages-femmes…. Maintenant, c’est de plus en plus dur, juge le président du Conseil National de l’Ordre des Infirmiers. Avec le Ségur de la santé, il y a eu 180 euros de donnés. Le premier salaire d’une infirmière, c’est 1.600 euros net. Cela représente 10%. Nous sommes passés de la 25e place OCDE à la 15e. Nous sommes encore en-deçà de la moyenne européenne, mais c’est un pas en avant. Nous payons actuellement des années de non investissement dans le matériel, en lits, en infrastructures, en personnel. Au-delà, on voit bien que la profession d’infirmier nécessite une évolution de texte. Ils n’ont pas évolué en quasiment vingt ans."
Toute sa vie, un infirmier fait-il toujours la même chose ? "C’est le vrai sujet. Il faut pouvoir leur proposer de vraies carrières, de se réoxygéner, estime Patrick Chamboredon. Depuis deux ans, on a créé les pratiques avancées, une vraie opportunité d’évolution de carrière. On les reconnaît dans ce qu’ils font, leur compétence clinique, pour aller plus loin." La peur a-t-elle reculé, depuis les premiers temps de l’apparition du Covid-19 ? "Il y a moins de difficultés sur les équipements de protection individuelle, même si cela reste un sujet du fait du surcoût. Cela reste une difficulté pour nous, car les patients se demandent si l’infirmier ne va pas les contaminer. Il va fa falloir que l’on apprenne à vivre ensemble avec ce virus."
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