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Covid-19 : "Même si ça ne monte pas aussi haut qu'au printemps, on n'en a absolument pas les moyens"

Une forte augmentation des cas de contamination au Covid a été constatée ces derniers jours. "Nous sommes sur une évolution plus lente mais qui doit nous alerter" a affirmé le ministre de la Santé Olivier Véran. Les hospitalisations et admissions en réanimation continuent d'augmenter, de façon moderée, mais on s'attend à une hausse significative.

Une forte augmentation des cas de contamination au Covid a été constatée ces derniers jours. © AFP

Reportage de Mathilde Jullien pour Sud Radio

 

"Il n'est pas question à nouveau de déprogrammer les soins des patients non atteints par la Covid-19"

Sans parler de deuxième vague, on assiste bien à un rebond épidémique, avec en vue une hausse des entrées en réanimation dans les quinze jours. Selon Martin Blachier, spécialiste en santé publique, le système est prêt à faire face : "cette petite augmentation de septembre va redescendre, estime-t-il, et ce n'est en aucun cas en mesure d'inquiéter pour l'instant les capacités hospitalières".

Mais dans les services, certains redoutent le pire, comme Djillali Annane, qui dirige la réanimation à l'hôpital Raymond Poincaré à Garches. Selon lui, "nous ne sommes pas prêts et nous serons débordés en moins d'une semaine, prévient-il. Pour lui, il n'est pas question à nouveau de déprogrammer les soins des patients non atteints par la Covid-19, c'est quelque chose qu'il ne faut plus jamais refaire !"

 

"Même si ça ne monte pas aussi haut qu'au printemps, on n'en a absolument pas les moyens"

À l'hôpital Nord de Marseille, le Professeur Papazian, chef de la réanimation, alerte : dans les Bouches-du-Rhône, il ne reste que 20 lits disponibles. "Nos collègues chirurgiens nous font part de patients qui présentent des pathologies extrêmement évoluées qu'ils ont eu à prendre en charge durant l'été, rapporte-t-il. Si on repart sur une déprogrammation, il y a fort à parier qu'il y aura des victimes, parce qu'on s'installe dans la durée, ça ne sera pas une affaire de quelques semaines seulement".

Le Professeur Papazian est très inquiet : "les professionnels de santé ne sont pas en capacité de produire les mêmes efforts, surtout sur une durée extrêmement prolongée. Même si ça ne monte pas aussi haut qu'au printemps, on n'en a absolument pas les moyens, il y a un absentéisme qui a augmenté de façon très importante durant l'été des membres du personnel, manque de médecins aussi".

 

"Travailler dans ces conditions dans les années à venir, ça ne m'intéresse pas du tout !"

Certains ont décidé de rendre leur blouse : "le Covid n'a rien changé sur le fond sur le fonctionnement de l'hôpital, confie Thomas Laurent, infirmier à Lyon et membre des collectifs Inter-Hôpitaux et Inter-Urgence. Travailler dans ces conditions dans les années à venir, ça ne m'intéresse pas du tout ! On ne s'est pas vraiment remis du Covid, on n'a pas plus de matériel, de personnel ni plus de places".

"L'hôpital s'est complètement déstructuré pour passer en fonctionnement normal, ajoute-t-il. Si le Covid revient, il faut de nouveau re-strucutrer, re-enlever des lits, et de nouveau annuler des gens qui auraient pu ou besoin d'être opérés rapidement. On sait que si ça remonte au niveau d'avant, s'il n'y a pas un nouveau confinement pour protéger l'hôpital public, on ne sera pas à la hauteur..."

 

 

Le ministre de la Santé l'assure pourtant : la France est prête à faire face, avec 12.000 lits équipés de respirateurs, et la piste du reconfinement général ne peux pas être envisagée.

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