Chloé Dimeglio était l'invitée de Patrick Roger le 30 avril 2020 dans l’émission "C’est à la une" sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 8h10.
"Si on déconfinait subitement, on allait avoir un rebond massif de l’infection"
Selon Chloé Dimeglio, le confinement a permis d’éviter un nombre considérable de morts. "On a travaillé presque depuis le début de l’épidémie. On a mis un place un modèle assez classique en épidémiologie, et on a essayé de modéliser l’évolution de l’épidémie dans le temps. D’après notre modèle, s’il n’y avait pas eu le confinement, on aurait facilement pu avoir 100.000 morts de plus."
À partir du 11 mai, il convient de déconfiner progressivement. "Nous avons évalué l’impact du confinement sur la dynamique de l’évolution de l’épidémie, et on a surtout regardé ce qui se passerait post-confinement, après le 11 mai. On s’est aperçus que si on déconfinait massivement, tout d’un coup, dès le 11 mai, on allait avoir un rebond massif de l’infection. Il convient donc de déconfiner assez progressivement, dans un temps assez long, de façon à permettre au virus de recirculer, sans pour autant saturer les systèmes de santé. L’idée est de minimiser le nombre de morts potentiels qu’il va y avoir suite au déconfinement."
Interrogée sur la fameuse immunité collective, Chloé Dimeglio a répondu : "l’idée est de permettre au virus de recirculer jusqu’à atteindre un certain niveau de personnes dans la population qui auront contracté le virus. On appelle ça le seuil de séroprévalence, et on estime que ce seuil doit atteindre au moins 50% dans la population générale. Selon nos calculs, pour atteindre ce seuil, et en déconfinant progressivement, il faudra attendre jusqu’à début octobre".
"À l’heure actuelle on ne sait pas si le virus va ou non circuler dans des conditions estivales"
S’agissant de la question des enfants, qui, selon différents spécialistes, peuvent ou non être vecteurs de propagation du virus, Chloé Dimeglio a fait savoir : "il y a beaucoup de travaux qui sortent sur ce sujet dans la presse spécialisée. On est en train de vérifier si en Occitanie le faible nombre d’enfants qu’on observe se poursuit dans le temps".
Quant à l’hypothèse selon laquelle le virus pourrait arrêter de circuler avec l’arrivée du beau temps, "c’est difficile de critiquer cette position car à l’heure actuelle on est toujours en confinement. On voit le nombre de cas diminuer. Après, je pense aussi que le professeur Raoult parle des paramètres climatiques qui peuvent jouer sur le virus. Nous, dans notre modèle, nous n’avons pas du tout pris en compte ce paramètre parce qu’on n’a pas suffisamment de recul à l’heure actuelle pour savoir si le virus va ou non circuler dans des conditions estivales", a déclaré Chloé Dimeglio.
L’équipe Chloé Dimeglio tentera aussi de savoir si le Covid-19 qui circule en France est le même qu’à l’étranger. "Au laboratoire de virologie on va séquencer le génome du virus pour regarder si les souches sont différentes en France des souches italiennes et chinoises."
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