Reportage au service de réanimation du CHU de Toulouse de Christine Bouillot
Sur les 16 lits de reanimations au CHU de Purpan, huit sont occupés par des malades atteints du coronavirus. Pour Le docteur Béatrice Riu Poulenc et ses équipes, c'est un air de déjà vu. "On est reparti dans ce qu'on a connu il y a pas très longtemps". Pour libérer des places pour tous les malades, y compris non covid, la direction CHU prévoit jusqu’à 20 % de déprogrammation. Le but: ne pas tout arrêter comme en mars dernier. Les médecins en réanimation ont acquis une certaine expérience:
"On les intube moins, c'est à dire plus tard, quand on n'a pas le choix. Cela permet d'avoir des durées de séjour plus courtes. Avant, quand on rentrait un patient, on savait qu'on en avait pour trois semaines. Maintenant, il y a des patients, quand on les prend en charge, il restent une dizaine de jours" - Dr Béatrice Riu Poulenc
Un virus tout aussi virulent qu'au début
La montée en charge est réelle et elle ne fait que commence explique le professeur Pierre Delobel, chef du service des maladie infectieuse:
"Cette idée de virus moins virulent et de population plus jeune, on ne la voit pas en hospitalisation. Maintenant ça a gagné les classes d'âge de plus de 50 ans et on voit les mêmes populations qu'au mois de mars. Cela n'a pas changé, l'épidémie remonte de manière très importante. Il faudrait que les choses se stabilisent et, si on continue à monter comme ça, c'est très difficile" - Pr Pierre Delobel
Le seul CHU de Toulouse compte aujourd’hui 81 patients atteints du coronavirus. L’hôpital en tension constitue l’une des mesures de régulation, avant de déclencher le plan blanc dans certains hôpitaux comme à Montpellier ou Lyon.
Non, le virus n'a pas muté, explique Pierre Delobel chef du service des maladies infectieuses du CHU de Toulouse, qui entend concilier patients covid et "non-covid"
Marseille: l’APHM plie mais ne rompt pas
Propos recueillis par Lionel Maillet à Marseille
Au dernier décompte 168 malades dont 46 en réanimation à Marseille. Selon sa direction de l’assistance publique hôpitaux de Marseille il n'y a pas de baisse du nombre de ces patients, mais depuis quelques jours un ralentissement de la croissance. L’espoir, c’est que la tendance se confirme car il n’y a pas beaucoup de marge de manœuvre. Il faut gérer en même les malades non-covid et ceux qui ont le virus comme l’explique le Pr Lionel Velly, anesthésiste et réanimateur à la Timone: "Deux lits de libre pour les non-covid ce soir... C'est pas complètement maîtrisé ! Attention au port du masque, aux gestes barrières, pour continuer la vie, ne pas emboliser le système hospitalier".
"Progression lente mais régulière" en réanimation
A l’échelle de la région PACA, le constat est le même. La deuxième vague est bien là, explique Anthony Valdez le directeur de l’offre de soins de l’ARS Paca: "Une pression croissante, une inquiétude si ça devait se poursuivre... On a un volume de patients supplémentaires tous les jours. On était à 140 patients en réanimation il y a une dizaine de jours, maintenant autour des 170."
"On n'a pas que des vieillards en réanimation !"
Est-ce que la fermeture des bars et restaurants à Marseille peut faire chuter le nombre de malades ? Le Professeur Dominique Rossi, président la commission médicale d’établissement de l’AP-HM ne le sait pas mais il compatit avec tous ceux qui ont du baisser le rideau... Tout en avertissant: "35% de notre population en réanimation a entre 40 et 61 ans"