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De la prison ferme requise contre le fondateur de la prépa médecine fantôme "Hippocrate"

Le parquet a requis mercredi deux ans de prison ferme, avec mandat de dépôt, contre le fondateur de la classe préparatoire fantôme aux études de médecine "Hippocrate", jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour escroquerie et travail dissimulé.

LOIC VENANCE - AFP/Archives

Le parquet a requis mercredi deux ans de prison ferme, avec mandat de dépôt, contre le fondateur de la classe préparatoire fantôme aux études de médecine "Hippocrate", jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour escroquerie et travail dissimulé.

Le tribunal fera connaître sa décision le 28 avril.

"L'appât du gain (de Samy N.) a tout surpassé", a estimé la procureure dans son réquisitoire, soulignant que "l'intelligence" du prévenu, reconnue par tous, était "une circonstance aggravante".

La magistrate a dénoncé "la multiplicité des mensonges" du prévenu pour tromper des jeunes qui rêvaient d'être médecins et leurs familles.

Elle a réclamé 30 mois d'emprisonnement à son encontre, dont 12 mois avec sursis probatoire de deux ans. Elle a également demandé la révocation d'un sursis de six mois dont bénéficiait le prévenu, âgé de 25 ans, d'une précédente condamnation datant de 2021.

Cela porte à 36 mois dont 24 mois ferme la peine requise contre le jeune homme aux longs cheveux frisés et à la fine moustache, tout de noir vêtu.

"Mon but, c’était que ça marche (...) On avait tout sauf envie de léser qui que ce soit", a expliqué le jeune homme à l'audience.

"Je suis conscient du mal que j'ai fait", a-t-il dit à la conclusion des débats mais, a-t-il insisté, "j'ai voulu donner un service de qualité aux étudiants".

Samy N. était un homme qui "savait parfaitement ce qu’il faisait", a tranché la procureure en écartant l'excuse du mauvais gestionnaire.

La représentante du parquet a également demandé à l'encontre du prévenu une interdiction de gérer une entreprise durant 10 ans.

"Sur le fond, +Hippocrate+, c’était un château en Espagne, une chimère totale", a résumé Maxime Delacarte, conseil de 63 parties civiles dans sa plaidoirie.

La salle d'audience de la 13e chambre correctionnelle était remplie, comme depuis le premier jour du procès lundi, de parents d'étudiants floués et de salariés lésés.

Au total, les parties civiles ont demandé environ 300.000 euros pour compenser leur préjudice moral et financier.

Contre Yoann B., 31 ans, poursuivi pour complicité d'escroquerie, la procureure a réclamé une peine de 18 mois de prison avec sursis, une amende de 30.000 euros et une peine d'inéligibilité de 3 ans.

Elle a demandé la relaxe du troisième, prévenu, Ryade M., 27 ans, absent à l'audience, en arguant qu'il avait passé très peu de temps dans la société gérée par Samy N. et qu'il avait plutôt occupé un poste de salarié au sein de l'entreprise.

Des dizaines d'étudiants (le nombre de victimes est estimé entre 150 et 200) avaient versé plusieurs milliers d'euros chacun, qui ne leur ont jamais été remboursés, à "Hippocrate", une société promettant un cursus "innovant" qui n'a jamais eu lieu.

Le préjudice total est estimé à 400.000 euros.

- "Irréalisable et mégalo" -

En novembre 2020, Samy N., alors étudiant en médecine à Lyon, a créé "Hippocrate", domiciliée avenue des Champs-Élysées à Paris. La société se présente comme une classe préparatoire aux études de médecine. De nombreuses familles sont séduites par les promesses de réussite de la société. De faux avis vantant l'entreprise sont publiés sur internet. Mais tout est du vent.

Samy N. croit-il lui-même à sa chimère ? Il embauche une quinzaine de personnes, mais au fil des mois, il ne les déclare pas, ne les paie pas complètement, voire pas du tout.

Pour valider leur inscription, les étudiants sont pressés par les représentants de la société de virer l'argent au plus vite, notamment sur un compte au Luxembourg.

Lors du gel du compte à l'été 2021, son solde s'élevait à plus de 172.000 euros.

Samy N. aurait envisagé le recrutement de 7.500 étudiants, 350 professeurs et l'ouverture de 30 centres dans toute la France. Un projet "irréalisable et mégalo", selon la gérante d'une prépa privée de médecine, entendue comme témoin.

En août 2021, les professeurs ne sont pas recrutés, les locaux manquent. La formation n'aura jamais lieu. Les témoignages et plaintes d'étudiants affluent, conduisant à l'interpellation de Samy N. en octobre 2021.

Aujourd'hui, le jeune homme qui n'a pas renoncé à devenir médecin, est employé polyvalent dans un restaurant asiatique en région lyonnaise.

Yoann B., lui, est actuellement au chômage avant, espère-t-il, de commencer en septembre une formation en informatique.

Par Alain JEAN-ROBERT / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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