Premier pape venu d’Amérique latine, François aura marqué l’histoire par sa simplicité, son franc-parler et son souci des laissés-pour-compte. Dans un Vatican habitué à la tradition, il a fait souffler un vent nouveau, bousculant les codes sans jamais renier l’essentiel : une foi ancrée dans l’humilité. Avec lui, les frontières entre Rome et le reste du monde se sont estompées, laissant place à un pontificat tourné vers l’universalité, la fraternité et la défense des plus vulnérables.
Le pape des pauvres
Élu le 13 mars 2013, le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio succède à Benoît XVI, devenant ainsi le premier pape de l'histoire moderne à cohabiter avec un prédécesseur vivant. Dès ses premiers mots, il rappelle le long chemin parcouru depuis ses origines jusqu’au Vatican : « Il me semble que mes frères cardinaux sont allés chercher un pape presque au bout du monde, mais nous voici. » Choisissant le nom de François en hommage à saint François d'Assise, il exprime son désir d'une « Église pauvre pour les pauvres ».
Un parcours empreint d'humilité
Né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires de parents italiens, François entre chez les Jésuites à 22 ans, prônant l'obéissance et la modestie. Même en tant qu'archevêque, il refuse les privilèges, préférant les transports en commun et vivant simplement. Son attachement aux fidèles le conduit à privilégier le contact direct, comme en témoigne sa visite en Corse pour un colloque sur la foi populaire en Méditerranée, déclinant l'invitation à l'inauguration de Notre-Dame de Paris aux côtés d'Emmanuel Macron.
Le défenseur des opprimés
François adopte une vision globale, centrée sur les marginalisés. Il place la question des réfugiés au cœur de son pontificat, se rendant à Lampedusa et accueillant des migrants au Vatican. Lors de sa visite à Marseille en septembre 2023, il déclare : « Nous sommes face à un carrefour de civilisations. La culture de l'humanité, de la fraternité, fait la différence. »
Un pontificat révolutionnaire
Connu pour ses positions progressistes, François publie en 2015 l'encyclique Laudato si', appelant à la protection de « notre maison commune ». Il actualise ce message en 2023, insistant sur la responsabilité collective face aux défis environnementaux. Dans les quartiers défavorisés de Naples en 2015, il dénonce les injustices économiques : « Gagner 600 euros par mois, ça s'appelle de l'esclavage, ça s'appelle de l'exploitation. L’absence de reconnaissance, le manque de travail payé honnêtement, arrache notre dignité humaine. »
Des positions nuancées sur les questions maritale et natale
Si François prône une Église ouverte, il maintient des positions conservatrices sur la famille et l'avortement, comparant ce dernier à l'embauche «d'un tueur à gages ». Cependant, il manifeste une certaine ouverture envers les personnes homosexuelles, affirmant : « Si une personne est gay, qu'elle cherche le Seigneur et qu'elle est de bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? ». Il autorise également la bénédiction des couples homosexuels remariés et le baptême des personnes transgenres, des positions modernes qui tranchent avec l'image d'une Église habituellement fermée à ces sujets.
Un leader affaibli mais résilient
Malgré des problèmes de santé croissants, et notamment une mobilité réduite nécessitant un fauteuil roulant depuis 2022, François continue de remplir son rôle avec détermination. Son hospitalisation en février 2025 pour une pneumonie bilatérale marque une période critique, durant laquelle il reste conscient et engagé jusqu'à ses derniers instants.
Le pape François laisse derrière lui un héritage indélébile, marqué par plus d'une décennie de réformes, de compassion et d'engagement envers les plus vulnérables.