Reportage Sud Radio de Lionel Maillet
Comme Stéphane, ils sont plus de 21.000 à dénoncer la saleté de la ville sur le groupe Facebook "Marseille Poubelle la Vie". Parmi les photos qui reviennent le plus souvent, ces déports d’encombrants sur les trottoirs. "De tout. Des chambres à coucher, des machines à laver... Jusqu'à deux mètres cube d'encombrants. Tout ce qu'on peut trouver dans une maison. Je pense que c'est dans la mentalité des marseillais. Tout ce qu'on peut trouver dans une maison. Je pense que c'est un petit peu dans la mentalité des Marseillais: on veut se débarrasser des choses, on les jette! " Les particuliers ne sont pas les seuls fautifs. Sous les fenêtres de cet entrepreneur des quartiers nord, un va-et-vient quasiment quotidien de camions qui viennent décharger sur un terrain vague en toute impunité:
"Ça ne les dérange plus de jeter au milieu de tout le monde, les voitures qui passent, et ils n'ont plus peur. Même si on vient, on en vient presque aux mains. Des professionnels qui ne vont plus en déchetterie, ils jettent ici. Je pense qu'ils doivent leur demander de l'argent, des sous pour la prestation, certainement pour les débarrasser des poubelles."
"Un non-sens que de fermer les déchetteries de la métropole aux artisans"
Le problème est aussi structurel, explique la présidente de la Fédération du BTP dans les Bouches-du-Rhône, Isabelle Lonchampt, qui ne comprend pas la stratégie de la métropole.
"Sur les gros chantiers, nous traitons nos déchets, nous les trions: il n'y a pas de difficulté. Mais le petit artisan qui travaille chez un particulier, il a un camion à déballer. C'est un non-sens que de fermer les déchetteries de la métropole aux artisans! Aujourd'hui l'artisan, même s'il veut payer pour évacuer ses déchets, il n'a pas d'endroit pour le faire, ou alors il faut qu'il fasse 40 kilomètres! Donc l'empreinte carbone, je ne crois pas qu'on soit dans les clous... Ça n'excuse pas les décharges sauvages, d'ailleurs la Fédération du BTP 13 se porte partie civile lorsqu'il y a une entreprise qui est prise en train de décharger, parce-que ça n'est pas normal. Mais il y a beaucoup de facteurs qui font qu'aujourd'hui, le traitement des déchets est très compliqué pour nos entreprises" - Isabelle Lonchampt, Fédération du BTP 13
Depuis deux ans, le Parquet de Marseille suit de près ces affaires avec une antenne spécialisée, ce qui a donné lieu à 155 procédures judiciaires.