"Le traitement administré au Président Donald Trump"
Cela aura été l’une des grandes annonces du gouvernement : la France autorise ce type de traitement contre le Covid-19, via une ATU, Autorisation Temporaire d’Utilisation. Comment fonctionnent ces anticorps monoclonaux ? "D’abord, ce n’est pas nouveau, précise Jean Sibilia, doyen de la faculté de médecine de Strasbourg et rhumatologue. On fait cela depuis un quart de siècle en rhumatologie. C’est utilisé au quotidien dans les maladies inflammatoires pour bloquer l’inflammation. Là, c’est pour bloquer le virus. C’est le traitement qui avait été administré au Président Donald Trump. Ces traitements existaient, mais n’étaient pas accessibles. Ils étaient encore en évaluation."
La technique de production en est totalement maîtrisée : "cela fait 25 ans qu’on produit ces anticorps. On les construit à façon, comme on veut. Un anticorps monoclonal est un anticorps que vous produisez dans un méga tube à essai, dans une usine. Vous produisez ces anticorps de façon artificielle, un peu comme un fermenteur de bière. Ces grands fermenteurs produisent exactement ce que notre corps produit : un type d’anticorps très précis qui va sur la petite spicule de surface qui se colle à nos cellules. L’anticorps va empêcher le virus de s’accrocher à nos cellules." Quel coût cela a-t-il ? De 1.000 à 2.000 euros de vaccination, un chiffre à comparer au coût de plusieurs milliers d’euros par jour d’un patient en réanimation…
"Pas pour tous les patients"
Comment obtenir ce traitement ? "C’est un traitement qui va être exclusivement proposé à l’hôpital, dans certains centres, par voie intraveineuse, précise Jean Sibilia. Pour que ce soit rapidement efficace, il faut le mettre dans les veines comme la plupart des anticorps monoclonaux." L’idée est d’éviter les formes graves, dès les premiers symptômes. "Il faut préciser que ce n’est pas pour tous les patients, mais pour deux catégories de patients infectés : si vous êtes très âgé, plus de 80 ans, ou immunologie déprimé, que vous avez une maladie assez sévère, un cancer, une maladie rare ou que vous avez un traitement qui fait baisser votre immunité, des chimiothérapies, des radiothérapies… Dans ce cas, il faut administrer le traitement dans les cinq jours qui suivent les premiers symptômes."
Ces anticorps monoclonaux permettent d’éliminer beaucoup plus rapidement le virus, et d’éviter de faire des complications. Seul bémol : "ils ne sont pas efficaces contre les variants brésilien et sud africain, car produits à compter de mi-2020 avec la protéine du virus de cette époque-là." Aucun laboratoire français ne les produit, hélas. "Ce sont des choix stratégiques et l’accès à des chaînes de production. Un vaccin, ce n’est pas de la science, c’est une question d’organisation et de production. Il faut savoir produire à l’échelle industrielle. C’est tout le problème, ce n’est pas le cas en France."
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