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Des vidéos des viols de Mazan diffusées pour la première fois en présence du public

Pour la première fois vendredi des vidéos et photos ont été diffusées en présence du public au procès des viols de Mazan, à Avignon, sans pour autant faire évoluer les accusés concernés qui ont presque tous maintenu qu'ils pensaient participer à un "scénario" libertin.

Miguel MEDINA - AFP

Pour la première fois vendredi des vidéos et photos ont été diffusées en présence du public au procès des viols de Mazan, à Avignon, sans pour autant faire évoluer les accusés concernés qui ont presque tous maintenu qu'ils pensaient participer à un "scénario" libertin.

Revenant sur la décision initiale de son président, Roger Arata, la cour criminelle de Vaucluse a en effet décidé à la mi-journée, après un long débat de près de deux heures entre les parties, que les images diffusées lors ce procès emblématique des violences faites aux femmes et de la soumission chimique le seraient désormais en présence de la presse et du public.

Et dès l'audience de l'après-midi, 22e journée de ce procès ouvert le 2 septembre, neuf vidéos et une poignée de photos ont donc été montrées. Toutes concernaient les sept accusés, sur les 51 jugés, dont les cas étaient examinés cette semaine.

La diffusion de ces images, soigneusement archivées par Dominique Pelicot, qui a reconnu avoir drogué son épouse Gisèle de 2011 à 2020, à son insu, afin de la violer et de la faire violer par des dizaines d'hommes qu'il avait recrutés sur internet, a pour objectif de confronter les accusés à leurs déclarations.

La plupart affirment en effet avoir cru participer au fantasme d'un couple échangiste ou ne pas s'être rendu compte de l'état d'inconscience de Gisèle Pelicot.

- "Toujours aucun souvenir" -

Un croquis d'audience de Dominique Pelicot au tribunal d'Avignin, le 17 septembre 2024

Un croquis d'audience de Dominique Pelicot au tribunal d'Avignin, le 17 septembre 2024

Benoit PEYRUCQ - AFP/Archives

Pendant près d'une heure et demie, ces images ont été montrées sur les écrans d'une salle d'audience retenant son souffle, et sur ceux d'une salle annexe où une soixantaine de membres du public avaient pu prendre place.

Gisèle Pelicot, sur le banc des parties civiles, est restée la plupart du temps penchée sur son téléphone portable, tandis qu'en face d'elle, dans le box des accusés, de l'autre côté de la salle, son ex-mari se cachait les yeux d'une main ou détournait le regard.

Les autres accusés ont adopté des attitudes variées: les uns se regardant sans broncher s'affairer autour de Gisèle Pelicot, gisant sur le lit de la chambre du domicile conjugal à Mazan (Vaucluse), d'autres préférant regarder le sol.

Brièvement interrogés, tous ont toutefois maintenu leur ligne de défense.

Jean T., 52 ans, affirme qu'il n'a "toujours aucun souvenir" de cette soirée. Redouane E. assure qu'il était "terrorisé" par Dominique Pelicot, même si "ça ne se voit pas". Un troisième explique ne pas avoir entendu les ronflements de Gisèle Pelicot ou avoir "espéré qu'elle se réveille à la fin".

"Même en voyant ça, ça ne suffit pas ? Qu'est-ce qu'il leur faut pour qu'on la croie, qu'elle soit morte?", s'indignait Elise Pinas, 25 ans, en sortant de la salle de retransmission réservée au public. "En colère", elle juge toutefois "très utile" la diffusion de ces vidéos.

- "Le mal est fait" -

Le 20 septembre, après la diffusion de premières vidéos et photos, le magistrat avait décidé d'exclure la presse et le public pour les projections ultérieures, en raison de leur caractère "indécent et choquant".

Mais les avocats de Gisèle Pelicot avaient décidé de contester cette mesure, recevant vendredi matin le soutien du ministère public. Après le revirement de la cour, ils ont immédiatement parlé de "victoire".

"Pour Gisèle Pelicot, il est trop tard, le mal est fait. Les 200 viols qu'elle a subis par ces dizaines d'hommes qui sont venus la violer dans sa chambre à coucher alors qu'elle était inconsciente, la brutalité des débats qui se tiennent dans cette salle, elle devra vivre avec pour le restant de sa vie", avait argumenté à l'audience Me Babonneau.

Pour son autre avocat, Me Antoine Camus, ces vidéos "font s'écrouler la thèse du viol accidentel" et montrent qu'il "était en réalité question de haine de la femme": "Aucun n'a dénoncé les faits, chacun a contribué à sa petite échelle à cette banalité du viol, à cette banalité du mal".

"La justice n'a pas besoin de ça pour passer, à quoi bon ces projections nauséabondes?", avait en revanche plaidé Me Olivier Lantelme, l'un des avocats de la défense, opposé, comme plusieurs de ses collègues, à ces diffusions.

L'audience rependra lundi avec l'examen d'un nouveau groupe de cinq accusés. Le verdict est attendu à la mi-décembre.

Par Philippe SIUBERSKI / Avignon (AFP) / © 2024 AFP

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