Lorsque le gouvernement et les scientifiques alertent sur une nouvelle vague de l'épidémie du Covid-19 et appellent à un nouveau confinement. Le professeur Raoult relativise les nouvelles données qui nous parviennent, un an après le début de la pandémie et encourt à réagir avec la science, sans émotion ni opinion.
Il faut "ramener tout ça à la réalité"
Le professeur marseillais s'intéresse à la proportion de décès comparée aux années précédentes. "Il était de 0,92 les dernières années et de 0,99 en 2020", note Didier Raoult. Une proportion "un peu plus importante" qui s'explique notamment par une population qui vieillit. Par tranche d'âge, "il y a moins de morts pour les moins de 65 ans en 2020 qu'en 2019", souligne-t-il, "un peu plus au-delà de 65 ans et surtout au-delà de 75 ans, où il y a une surmortalité notable".
Et quand le professeur Raoult entend "des affolements" au sujet des gens de 28 ans en réanimation ou des morts partout, il appelle à "ramener tout ça à la réalité et réfléchir". Le professeur recommande "un plan spécifique sur les Ehpad et cadrer les problèmes que l'on connaît maintenant".
"La France est tiers-mondisée"
Deuxième donnée analysée par le professeur Raoult, le niveau de mortalité qui "a été très significativement plus important en Île-de-France que partout ailleurs en France". Des éléments sur lesquels le docteur invite à la réflexion. "Je reste sidérer de voir des gens qui ont travaillé pendant des années sur le virus du Sida, découvrir brutalement que les virus mutent", s'étonne-t-il. Une illustration de l'impuissance de la France, "qui est passée complètement à côté de stratégies mises en place un peu partout", face au Sida. "Elle a fait beaucoup dans l'évaluation thérapeutique pour l'industrie, au lieu de commencer à avoir des équipements de séquençage", regrette Didier Raoult. "On ne peut pas faire de virologie au cours d'une épidémie sans faire de séquençage, la France est tiers-mondisée sur ce plan là", déplore-t-il.
À contre-courant du discours ambiant actuel, le professeur Raoult s'appuie sur les travaux du numéro 1 mondial de l'épidémiologie John Ioannidis qui dit que "les contrôles sociaux ne servent rien", en prenant en exemple la France. "De tous les contrôles sociaux mis en place, aucun n'a fait preuve d'efficacité", affirme-t-il, que ce soit pour le confinement ou la fermeture des bars. Au final, les contaminations se font en majorité "en famille", pour preuve "l'explosion du nombre de cas juste après la première période de confinement". "Toutes les familles étaient ensemble avec des gens positifs et négatifs sans les avoir testés, il ne faut pas faire ça", ajoute le directeur de l'institut marseillais. "La réflexion dans ce pays manque terriblement de science, il y a trop d'émotions, trop d'opinion, pas suffisamment de science", déplore-t-il.
Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.
Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !