Le calvaire de Bouchra a débuté dès son embauche en 2005 dans une entreprise numérique du CAC 40. Bac + 5, elle se retrouve à un poste pour lequel elle est sur-qualifiée: "On m'a mis dans une mission de 3-8 accessibles à des techniciens, ou moins, c'est à dire accessible sans études."
Payée 40% de moins qu'un collègue homme à poste égal
Un poste bien loin de celui d'administrateur indiqué sur son contrat, et bien moins payé que ses collègues: "Un de mes collègues avait la même mission, payé 40% de plus." Pendant cinq ans, Bouchra négocie sans succès avec son entreprise. Elle prend donc un avocat mais la boite la licencie. Après plus de quatre années de procédure, la cour d'appel de Versailles invalide le licenciement et reconnait la discrimination: "pour le préjudice de la discrimination sexiste, on m'a alloué 10.000 euros. Pour une entreprise qui a 3 milliards de chiffre d'affaire, c'est pas du tout dissuasif".
"Ma vie est à l'arrêt"
Réintégrée dans l'entreprise, Bouchra fait face aux mêmes difficultés. Combative, Elle a saisi une nouvelle fois la justice : "Tout est à l'arrêt. Ma vie privée est à l'arrêt depuis que j'ai intégré cette entreprise. Après le parcours scolaire, il y a le parcours tribunal. Ma vie se résume à ça". Et Bouchra espère obtenir une audience au plus vite pour mettre un terme à près de 20 années de calvaire.
"L'intérêt de l'action de groupe, c'est qu'elle est menée par un tiers. Car les gens on peur de la répression"
Les salariées, soutenues par la CGT, mettront en demeure l'entreprise. Cette procédure qui a vu le jour en 2014 est une vraie opportunité pour les femmes victimes de ces discriminations au travail.
Maître Savine Bernard fait partie du collectif d'avocat qui se lance dans cette action de groupe