Y aura-t-il ou non un acte 4 des Gilets Jaunes à Paris, samedi 8 décembre ? Les Gilets Jaunes ne sont pas satisfaits des mesures annoncées hier par Edouard Philippe. Pour autant, est-ce raisonnable de persévérer, pour certains dans la violence ?
Un moratoire, trop peu, trop tard
"Vous avez de quoi vous payer une brioche pendant six mois et ensuite vous serez de nouveau au pain sec". Voilà ce que signifie le moratoire sur les trois taxes décrété pour six mois, estime Véronique Jacquier. Comment voulez-vous que la colère des Gilets Jaunes retombent ! Nous vivons une ébauche de révolution. Et on n’éteint pas un incendie en courant après le feu ! Soit on a conscience du danger et on éteint tout de suite l’incendie." Il aurait sans doute fallu proposer ce moratoire il y a trois semaines, ou bien imaginer un pare-feu, ce que n’a pas fait Emmanuel Macron hier. Quel pare-feu ? La dissolution de l’Assemblée Nationale ou une élection à la proportionnelle. Car sur le fond, le Président ne cède rien.
La colère des Gilets Jaunes reste crédible. Mais leurs revendications partent dans tous les sens et ils sont incapables de se structurer. Doublement du Smic, fin du statut de fonctionnaires, démission d’Emmanuel Macron... Les Gilets Jaunes portent en eux leur propre contradiction. Aucun ne saisit la main tendue d’Édouard Philippe hier, ni ne vante le dialogue. Seul signe d’une petite retombée de la pression : le déblocage de dépôts pétroliers, comme à Brest. Mais tous veulent continuer à se mobiliser, et trois Français sur quatre sont toujours derrière eux. "Au-delà de leurs contradictions, ils portent la colère d’un pays qui ne va pas bien par procuration, estime Véronique Jacquier. Et la colère c’est rarement gérable, comme une révolution."
"Je ne pense pas qu’une poignée de personnes décrédibilisent le mouvement, estime Rémy, Gilet Jaune parisien. Les violences, on ne devrait pas en voir. Au gouvernement de faire en sorte de nous permettre de manifester à l'écart de ces violences. Ce n'est pas forcément ce qui a été fait. Pour le moment, plus on tente de s’organiser, plus les gens sont contre. Vu la fronde, l’envie des Français de continuer, il faut patienter encore, le temps que les passions redescendent."
Samedi, les Français pourront aussi aller poser leurs "cahiers de doléances' dans la mairie près de chez eux. "C'est une initiative nationale, dans le cadre de l'association des maires ruraux de France, explique Yvan Lubraneski, maire sans étiquette des Molières. Nous avons souvent alerté les gouvernements successifs sur cette colère qui couve de puis longtemps. Ce samedi, nous allons ouvrir nos mairies pour entendre les revendications, les propositions et les faire remonter via notre réseau. Nous voulons que le gouvernement se bouge !"