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É. Lévy: "Dans «Au Tableau», la spontanéité est aussi travaillée qu’une conférence de Macron"

Elisabeth Lévy revient sur l'émission "Au tableau" diffusée dimanche dernier sur c8.

Elisabeth Lévy revient sur l'émission "Au tableau" diffusée dimanche dernier sur c8.

Le concept, comme on dit: ça se passe dans une salle de classe, des candidats à la présidentielle sont envoyés au tableau et interrogés par des enfants de 8 à 12 ans. Inventée en 2017, à l'époque on s’était extasié sur le naturel de Macron face aux enfants. En 2022, il y a un numéro avec Valérie Pécresse, Éric Zemmour, Yannick Jadot et Fabien Roussel dont une séquence a beaucoup tourné. Les gamins demandent à Roussel si Staline doit être classé dans la catégorie camarade ou pas camarade. Et il sèche. Il le place entre les deux, et comme les enfants protestent, il cède. Staline n'est pas un camarade. 

Cette séquence a suscité une flopée de commentaires énamourés : "Ils ont poussé Roussel dans ses retranchements", "ils obligent les candidats à révéler une nouvelle facette". Bref, la vérité sort de la bouche des enfants…

La spontanéité est aussi travaillée que pour une conf de presse de Macron. Les questions viennent des enfants selon la productrice. Des gamins de 8 ans comprennent donc que le talon d’Achille du sympathique candidat communiste c’est son rapport au communisme réel ? Je retire tout ce que j’ai dit sur la faillite de l’école !

Ce dispositif est révélateur d’une inversion des valeurs. Comme la différence homme/femmes, on veut effacer la différence enfants/adultes. Les enfants sont érigés en professeurs et en juge tandis que les adultes sont les élèves. C’est eux qui nous apprennent. Le pire dans l’épisode Roussel, c’est qu’il se range à l'avis des enfants, il ne tient même pas sa propre ligne.

C'est précisément l’esprit de l’école d’aujourd’hui, c'est horizontalité avec l’enfant au centre du dispos. La transmission suppose verticalité. Maintenant, on demande à l’élève ce qu’il veut apprendre. C’est lui qui note ses profs. Et on lui apprend à sermonner ses parents sur les bonnes causes du moment: la quinzaine anti-Le pen en 2002, le climat (et sans doute l’Ukraine aussi). 

Les enfants sont donc arbitres des élégances politiques. Il ne reste plus qu’à leur donner le droit de vote. Et on finira par voir des rigolos faire des roulades dans les jardins de l’Elysée. 

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