Reportage de Lionel Maillet pour Sud Radio
Ehpad : "Est-ce normal qu'un maçon vienne faire l'aide-soignante ?"
Joëlle travaille dans un Ehpad Korian près d’Aix-en-Provence. Montée à Paris pour mettre la pression sur sa direction, elle attend beaucoup de cette grève et notamment une vraie prise de conscience sur le manque de personnel. "On a beaucoup de gens pas qualifiés, on n'a plus personne, regrette-t-elle. Avec les petits salaires que nous avons, les gens ne veulent plus travailler". Déléguée syndicale, elle interroge : "est-ce normal qu'un maçon vienne faire l'aide-soignante ?" D'après elle, "la direction est tellement en manque de personnel qu'ils ne vérifient même plus les CV ! C'est honteux ! fustige-t-elle. On doit être diplômé !"
"Les personnes âgées, nos anciens, ont travaillé toute une vie et paient des sommes astronomiques pour avoir des ratios en nourriture, en couche, dénonce-t-elle. On ne fait pas ce métier pour ça, ils nous font devenir maltraitants !" Elle assure que rien n'a changé : "on attend que ça change, surtout pour nos résidents".
"On n'a pas l'impression qu'ils ont l'envie de vouloir changer quelque chose"
Le scandale Orpea n’a pour l’instant pas changé grand-chose déplore Laurence, aide-soignante pour Korian à Marseille. Elle y dénonce les mêmes pratiques que chez le concurrent pointé du doigt. "Ils sont un peu dans le déni, ils ne reconnaissent pas les fautes qu'on a mises en avant", estime-t-elle. Elle dénonce : "on augmente de 80 % les actionnaires, de 3 % les salariés. Les gens travaillent en poste multi-tâches, se retrouvent sur plusieurs étages quand il manque quelqu'un".
"On n'a pas l'impression qu'ils ont l'envie de vouloir changer quelque chose", affirme Laurence. Elle confie toutefois : "on garde quand même un espoir que ça bouge. On ne fait pas la grève pour rien !" À défaut d’être entendues, ces employées promettent déjà d’autres journées de mobilisation.
Aurélie
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