Le scandale de la maltraitance dans les Ehpad du groupe Orpea, dénoncée dans le livre Les Fossoyeurs du journaliste Victor Castanet, continue d’avoir des répercussions en France. Le directeur général du groupe France, Jean-Christophe Romersi, a été auditionné le 2 février 2022 à l’Assemblée nationale avec le nouveau Président directeur général du groupe, Philippe Charrier.
Mais cette audition n’a pas convaincu, les députés dénoncent un "discours creux" et des "chiffres pour noyer le poisson". C'est pourquoi les syndicats du personnel annoncent, eux, des actions pour dénoncer les faits jeudi 3 février 2022 dans l’après-midi. Pour les familles des personnes en Ehpad, c’est le début d’une inversion du rapport de force.
"J’ai retrouvé maman avec des bleus sur les mains"
La mère de Laurence Tcheng est morte de chagrin dans un Ehpad dans lequel la famille avait remarqué des signes de maltraitance : "après un reconfinement, j’ai retrouvé maman avec des bleus sur les mains. On la jetait sur son lit pour la coucher", raconte Laurence Tcheng, cofondatrice du collectif Cercle des proches aidants en Ehpad.
Mais sortir sa mère en Ehpad était compliqué. Notamment, à cause de la dépendance et du manque de place dans d’autres établissements : "c’est comme quand vous mettez votre enfant dans une école, on vous fait bien comprendre que vous avez de la chance d’avoir de la place. Si vous n’êtes pas content, vous allez voir ailleurs". Or, Laurence Tcheng et le reste de la famille n’étaient pas sûrs "de trouver un Ehpad où les choses se passent mieux".
"Maman ne bénéficiait que d’une douche par semaine"
Depuis, Laurence Tcheng est engagée contre la maltraitance, et conseille les familles dont les parents sont en Ehpad : "allez voir d’autres Ehpad, demandez à visiter le matin, de préférence. Vous verrez l’ambiance, et surtout les soins et la toilette".
C'est ainsi qu'elle a "appris, par exemple, que maman ne bénéficiait que d’une douche par semaine. Accessoirement, c’était 4.000 euros par mois. Ça fait cher la douche."
Ehpad : " Il faut profiter de cette crise pour reprendre du pouvoir"
Toutefois, le scandale Orpea apporte malgré tout un espoir pour les familles : celui de la transparence. "Le manque de transparence est un facteur et un signe de maltraitance", estime Laurence Tcheng. "Il faut profiter de cette crise pour reprendre du pouvoir. Il faudrait que les familles se sentent en position de force."
Mais son espoir, "que la peur change de camp". Néanmoins, selon elle, il faudra du temps pour que la confiance entre les familles et les Ehpad soit réparée.
Aurélie
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