Ce week-end, la Marseillaise était à l’honneur dans les meetings: d'Éric Zemmour à Fabien Roussel en passant par Marine Le Pen.
C’est l’un des charmes des campagnes électorales : entendre la Marseillaise ailleurs que dans les stades, entonnée par des salles ferventes, ça m’émeut aux larmes.
Ce week-end, on l’a chantée à Lille, après le rituel «Vive la République et surtout vive la France !» de Zemmour, à Reims à la fin du meeting de Marine Le Pen. Plus étonnant quand on se rappelle les errements multiculti du PCF, on l’a chantée à Marseille après le discours très tricolore de Fabien Roussel. On l’avait même entendue à Tours jeudi après l’intervention de Jean-Luc Mélenchon. Si notre tribun a fredonné les paroles, ses partisans, sur l’estrade ont levé le poing en silence, comme pour signifier qu’ils préfèrent l’Internationale, ce que Danièle Obono confessait en 2012.
Quand il entrera en campagne, Emmanuel Macron ne sermonnera pas les populistes à l’esprit étroit, il ne conclura pas ses meetings par la 5ème de Beethoven (hymne européen): lui aussi se sacrifiera au rituel de La Marseillaise.
Comment interpréter ce succès de l’hymne national ?
C’est la campagne ! Les candidats les plus européistes et internationalistes se découvrent une âme de patriote parce qu'on ne gagne pas une élection avec les élites mondialisées. La nation, c’est le trésor des peuples et singulièrement, des plus pauvres. «À celui qui n'a rien, la patrie est son seul bien», disait Jean Jaurès. La détestation de la nation se confond avec le mépris des ploucs affiché par exemple par un Jean-Michel Aphatie qui sur LCI a traité les partisans de Zemmour de «Français qui puent des pieds». C’est la première raison de la dégringolade de la gauche, qui s’est jetée à corps perdu dans le marché et la mondialisation.
La nation, c’est donc l’enjeu du conflit entre le peuple et les élites, entre les gens de quelque part, et les gens de nulle part, qui se sentent plus chez eux à New York qu’à Romorantin. D’où ce que Philippe Cohen appelait le bluff républicain. Avant l’élection, on ressort le bonnet phrygien et la Marseillaise et le meilleur exemple de ce bluff c'est Jacques Chirac qui à peine élu sur la fracture sociale cédait aux chantages germano-bruxellois. Alors, ne soyons pas dupes et rappelons aux princes qui nous gouvernent qu’ils sont au service de notre drapeau et de notre pays.