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Élisabeth Lévy - "Agression à Cannes : il faut revoir toute la justice des mineurs"

Après l’agression d’une vieille dame à Cannes par trois adolescents, David Lisnard demande que l’excuse de minorité soit levée dans les cas très graves. Est-ce possible ? 

Édito Lydia Guirous

Après l’agression d’une vieille dame à Cannes par trois adolescents, David Lisnard demande que l’excuse de minorité soit levée dans les cas très graves. Est-ce possible ? 

Pas en l’état actuel du droit. Cette excuse ne peut être levée que pour les plus de 16 ans, ce qui se produit environ 30 cas par an. En principe, les mineurs ne peuvent pas être jugés comme des adultes car ils sont considérés comme non responsables de leurs actes. Pour eux, la peine maximale est donc divisée par deux. Pourquoi ? On considère qu'ils n'ont pas le discernement suffisant et on pense d’abord à leur réinsertion. 

Certes, un enfant n’est pas totalement responsable de ses actes. Mais enfant ou pas, cette question de la responsabilité individuelle est vertigineuse: généralement les grands criminels sont issus de familles dysfonctionnelles. Ils reproduisent souvent les violences dont ils ont été victimes. Hitler a eu une enfance malheureuse…

Mais si un enfant n’a pas été éduqué et aimé, ce n'est pas de sa faute. 

Donc, pour ou contre une baisse de la majorité pénale ? 

Pour. Mais c’est douloureux. Cela heurte nos idées sur l’innocence de l’enfance. Plus largement, c'est indispensable de durcir la Justice des mineurs. Car il y a une augmentation des crimes d’adultes commis par des jeunes. On appelle ça l'ensauvagement. Un jeune qui filme ses copains en train de tabasser une vieille dame est-il un enfant au sens où nous l’entendons ? 

Le sentiment d’impunité favorise le recrutement de mineurs par les dealers et autres criminels. Il faut que la peur de la sanction soit dissuasive.

La Justice doit d’abord protéger la société. Quelqu’un qui à 14 ans n’a aucun sens moral est dangereux pour la société. Même en termes de réinsertion, c'est  très important que la punition soit à la hauteur du crime. Que comprendront ces jeunes s’ils prennent du sursis ou quelques mois dans les centres éducatifs fermés s'ils peuvent sortir rapidement.

Donc Lisnard a raison. Dans les cas très graves, les mineurs doivent être jugés comme des adultes et encourir les mêmes peines. Mais l'exécution des peines doit être adaptée. Elles doivent se dérouler dans des établissements pour mineurs (c'est déjà le cas) avec suffisamment de personnels pour empêcher la violence à l’intérieur.

Il y a aussi une dimension éducative à avoir : il faut, par exemple, étendre l’obligation scolaire jusqu’à 18 ans. Les délinquants sont rarement des premiers prix à l’école. Le problème est que ça demande d’énormes moyens.

La compassion et le sentimentalisme ne font pas la justice. La punition très sévère est peut-être le seul moyen de sauver ces jeunes. 

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