Législatives: les macronistes ressuscitent le Front républicain contre le Rassemblement National.
C’est le énième remake et le film est toujours aussi mauvais. Et de plus en plus confus. Entre ni/ni et lutte et la lutte contre le mal lepéniste, le cœur de la macronie balance. Il y aura 58 duels entre RN et la Nupes. Dimanche soir Élisabeth Borne disait : "face aux extrêmes nous ne céderons ni d’un côté ni de l’autre", Gabriel Attal lui : "on fera du cas par cas" et Olivia Grégoire: "ce n'est pas un enjeu national". Jean-Michel Blanquer était encore plus clair : "l'extrême gauche aussi dangereuse que l’extrême droite".
Et puis lundi, la macronie a peu à peu été touchée par la grâce antifasciste. "Notre ligne: ne jamais donner une voix à l’extrême-droite" tweete la première ministre à 0h22. Puis les chœurs macronistes ont renchéri. Maud Brégeon appelle "à faire battre les candidats de l’extrême droite. C’est notre ADN". Clément Beaune ajoute : "je n’ai jamais tracé un signe égal entre les deux". Aurore Bergé chez Sud Radio : "aucune voix pour l’extrême droite, pour l’extrême gauche ça sera du cas par cas".
Bien sur, il y a encore quelques couacs comme Roxana Maracineanu qui appelle même au Front Républicain contre l’extrême gauche. Mais pour l’essentiel, Alléluiah ! Le Front Républicain est de retour. Le concours de belles âmes est ouvert.
Comment s’explique ce revirement ?
Il y a eu un chantage politique et médiatique. Anne-Sophie Lapix, Apolline Malherbe et bien d’autres ont pris des airs pincés : "comment osez-vous les mettre sur le même plan !"
Et puis les Nupistes réclament leur dû : "On a voté Macron. Face à l’extrême droite, êtes-vous un rempart ou un marchepied" s'est étranglé Julien Bayou.
Mais au-delà des questions tactiques, ils y croient. Ils sont bien incapables d’expliquer en quoi Marine Le Pen est antirépublicaine. Ah oui, elle est contre l’immigration. Pour eux, ça veut dire raciste. En réalité, ce "pas une voix pour le RN" ne repose sur rien de rationnel. De l’indignation à gogo, de la bonne conscience en veux-tu-en-voilà mais pas le moindre fait. L’ADN, ça ne se discute pas. On joue à la Résistance. Attention, pas contre l’idéologie qui manifeste de réelles tendances totalitaires. Jean-Luc Mélenchon et ses élus du 93 flirtent avec des islamistes, antisémites mais ne sont pas d’extrême droite.
Au-delà de réflexes éculés, cela traduit le niveau consternant de nos élites politiques. Quand ils ne savent pas quoi dire, ils crient extrême droite comme des perroquets. Cette sottise auto-satisfaite est peut-être la cause oubliée de la crise démocratique qu’on déplore à grands cris.