Élisabeth Lévy revient sur le "Conseil national de la Refondation" annoncé par Emmanuel Macron.
Le Conseil national de la Refondation est le dernier lapin sorti du chapeau présidentiel. Une nouvelle méthode, une nouvelle instance réunissant (comment, mystère) « les forces politiques, économiques et sociales, associatives, élus des territoires et des citoyens tirés au sort»
La mission est de définir les moyens d’atteindre les objectifs recensés par Emmanuel Macron: indépendance nationale, plein-emploi, la neutralité carbone, les services publics (pour l'égalité des chances) et les institutions. Macron flingue l’assemblée (dissoute avant d’être élue) et son gouvernement qui, aux dernières nouvelles déterminait et conduisait la politique de la nation...
Il y a une crise, une panne institutionnelle
Sans doute mais ce n’est pas une grande commission ni démocratique ni représentative qui sauvera la démocratie représentative. Le risque est de consacrer le règne des copains, des militants, des associations et des minorités intrigantes. Ou une grande réunion de copropriété. Le Monde annonce que la société civile est prête à se mettre autour de la table. C’est qui la société civile, elle a un 06 ?
Le Conseil national de la Refondation est soit un gadget pour amuser le bon peuple, soit un petit coup d’Etat institutionnel. Une instance non élue n’a aucun droit pour décider quoi que ce soit.
Certes, le système politique ne produit plus de légitimité. Mais l'obsession institutionnelle cache l’essentiel: l'impossibilité du débat public pris en otage par les invectives et insultes d’un coté, les offuscations de chochottes de l’autre. La délibération collective exige que toutes les opinions aient droit de cité à égalité. Quand l’adversaire est un salaud, un nauséabond, on ne discute plus.
Dans le cahier des charges de ce CNR vision techno, post-politique, il y a des problèmes et des solutions concernent ce que nous faisons ou avons (avec de gros oublis comme les finances publiques) mais jamais sur ce que nous sommes. Les questions existentielles sont balayées : notamment la question de l'immigration qui est pourtant cruciale pour l’avenir. Quelle politique? Quel modèle pour accommoder les différences ?
Macron est fatigué par le pouvoir, alors il refile le mistigri aux Français. Il devrait plutôt se rappeler que la politique, ce n’est pas seulement l’administration des choses, mais aussi et surtout le gouvernement des hommes.