L’Allemagne prévoit d’acheter jusqu’à 35 avions de combat F-35 américain.
Au début de la guerre en Ukraine, tous les commentateurs français se sont extasiés sur la décision allemande de débloquer 100 milliards pour porter leurs dépenses militaires à 2 % du PIB. L’IRIS saluait ce changement stratégique majeur : « Il faut que cet effort de défense allemand s’inscrive clairement dans un cadre européen et renforce l’Europe de la défense. »
Eh bien, c’est raté. Les Allemands doivent remplacer leurs vieux Tornados. De plus, ces avions doivent être capables de porter têtes nucléaires américaines : les Bombes B-61. Mais il était possible d’adapter l’Eurofighter (un avion espagnol et allemand). Ils auraient aussi pu accélérer le programme SCAF, l’avion de combat espagnol, français et allemand mais ce programme patauge à cause des désaccords entre Dassault et Airbus. Quant au Rafale français, jugé excellent et beaucoup moins cher que le F35, n’a même pas été mis en concurrence. Alors les allemands invoquent l’urgence. Donc, ils vont acheter du matériel américain, avec cette commande commande de avions de combat F-35. Et il se murmure que l’Espagne pourrait faire de même.
Quelle conclusion en tirez-vous ?
Que les belles proclamations macronistes en faveur de l’Europe-puissance et de la souveraineté européenne (terme oxymorique) sont largement incantatoires.
Dans Marianne hier, Renaud Bellais, spécialiste de la défense à la Fondation Jean Jaurès se veut rassurant : « On aurait tort de vouloir que nos partenaires aient le même degré de maturité que nous sur ces questions. La pleine souveraineté allemande date de 1991 : s’affranchir de la tutelle américaine prend du temps. On verra au XXIIème siècle".
La réalité, c’est que les Allemands préfèrent rester dépendants culturellement et militairement de l’Amérique plutôt que viser l’autonomie stratégique et industrielle de l’Europe. Pour eux la défense de l’Europe c’est l’OTAN, c'est-à- dire l’Amérique. De plus, les allemands ne veulent pas doper l’industrie militaire française.
On comprend que, pendant que nous rêvons, enfin qu’Emmanuel MAcron rêve d’Europe de la défense, ce qui les guide c’est leurs intérêts nationaux.
Une fois de plus, la France apparait isolée. Nous continuons à parler du couple franco-allemand. Mais on a l’impression que dans ce couple, un des conjoints est éternellement cocu. Et c’est nous.