Les affaires de squatteurs se multiplient partout en France. Et les déloger est un long calvaire.
Je vais vous citer trois histoires récentes. La première s'est passée à Noyal sur Vilaine près de Rennes. Une maison était occupée depuis plus de deux ans par 25 personnes. En 2020, une décision de justice a été prise. La maison a été évacuée par les gendarmes il y a quelques jours. Le jardin est devenu une véritable décharge : on trouve des carcassses de voitures, des pneus. Et les propriétaires n’ont même pas le droit de nettoyer parce que ce serait porter atteinte au droit de propriété des squatteurs ! Je précise qu'aucun des occupants n’a accepté d’être relogé par les services sociaux.
La deuxième se déroule à Seynod en Haute Savoie. L'adjoint au maire de Marcellaz-Albanais voit la maison de ses parents squattée pour la troisième fois par sept personnes. Les gendarmes refusent de les déloger car il y a des enfants. L’élu a décidé d’agir, il y a eu une bagarre, on l'a menacé au couteau, il a sorti une bombe lacrymogène et...il a été placé en garde à vue !
À Paris, une femme de ménage de 59 ans a tenté de s’immoler en janvier. Le studio qu’elle a hérité de sa mère est occupé depuis une dizaine d’années par une famille. Elle et son frère doivent payer des factures, des travaux, un avocat. Ils se sont endettés. Ils ne peuvent même pas vendre leur studio.
Tapez squatteur sur Google et vous verrez des dizaines d'autres d’histoires. Et les victimes ne sont pas des riches qui ont quinze propriétés. Ce sont des gens qui ont travaillé toute leur vie pour avoir une maison. Ils ont des crédits à rembourser.
Les propriétaires ne sont pas protégés par la loi ?
En principe, ils sont protégés par la Constitution. Mais on a le sentiment que le propriétaire est vaguement suspect, c'est toujours lui qui doit se bagarrer.
Pour déloger les occupants, il faut que le Préfet accepte le concours de la force publique. De plus, avec le Covid, la trêve hivernale a duré deux ans. Et s’il y a des enfants parmi les squatteurs, ça complique encore plus les choses.
Un avocat disait hier sur Cnews que c'est un devoir d’humanité. Ça devrait être un devoir à géométrie variable : le propriétaire qui se retrouve dans une situation ubuesque devrait aussi avoir droit à un peu d’humanité. Un honnête travailleur qui fait quelques dépassements de vitesse peut perdre son permis, mais quelqu’un peut s’installer illégalement chez lui et là, tous les chichis procéduriers seront favorables au délinquant dont les droits doivent être scrupuleusement respectés.
Le risque est que les gens se fassent justice eux-mêmes, surtout quand le droit s’oppose à la Justice et au bon sens. Les gens perdent confiance dans l’Etat de droit.