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Élisabeth Lévy - "Le droit d'asile est devenu une vraie filière d'immigration clandestine"

En visite en Afrique, Emmanuel Macron a encore fait du « en même temps ». Dès qu'on imagine une prise de conscience de sa part sur l'imigration et notamment sur le dévoiement du droit d'asile, on voit qu'il rebrousse chemin en usant du trop usé et suranné « Vous êtes une chance pour la France ».

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

Pour Emmanuel Macron le droit d’asile est dévoyé.

C’est ce qui ressort des confidences d’avion au Journal du Dimanche pendant son retour d’Afrique, un classique. 

Le sacro-saint droit d’asile protège à juste titre les combattants de la liberté, seulement celui-ci en est dévoyé car devenu une filière d’immigration clandestine. En effet, 80 % des déboutés restent en France. 

La plupart des demandeurs ne viennent pas de pays éligibles, comme l’Afghanistan. Et on se trompe sur l’asile : c'est un droit individuel, pas collectif. Cela ne peut pas non plus résoudre des guerres civiles (on ne peut pas accueillir tous les perdants). Cependant, Emmanuel Macron arrive à une conclusion évidente, déjà tirée par Marine Le Pen, par Les Républicains, par beaucoup de médias et une majorité des Français : une écrasante majorité des demandeurs d’asile sont des immigrants économiques. Il faut appliquer la jurisprudence Rocard : on ne peut pas accueillir toute la misère du monde et on a notre part. 

Donc, je salue ce tournant réaliste ?

Plus ou moins, car il faudrait aller jusqu’au bout : si le droit d’asile est dévoyé, pourquoi l’appliquer ? Cela résulte d’un aveuglement énamouré pour l’Europe. Par exemple, Emmanuel Macron salue l’esprit de responsabilité d’Angela Merkel pour l'accueil des réfugiés syriens à l’été 2015. “Nous y arriverons”, disait la chancelière. En somme, elle a ouvert grand nos bras et elle a imposé à ses partenaires une politique dont les peuples ne voulaient pas – on accueille d’abord, on discute après. Orban et d’autres ont dit non. La France peut toujours dire non. 

Au passage, Emmanuel Macron affirme que l’immigration traduit l’échec des politiques d’aide au développement : à savoir, ce serait mieux qu’ils restent chez eux. Mais comme il veut faire plaisir à tout le monde, il se perd (encore) dans le en même temps. Le président sous-tend que l’immigration est un problème mais que “la jeunesse française issue de l’immigration est une chance pour la France”, dans son discours à Johannesburg. 

S’ils ont d’innombrables talents, ce n’est pas parce qu’ils sont immigrés, c'est parce qu’ils sont eux. Puis, aussi, ils sont une contribution notable à la violence sociale et à la délinquance. Dire « Vous êtes une chance pour la France », c’est inverser la hiérarchie de la gratitude qui vaut qu’on vienne d’Algérie, du Mali ou du Berry. On attend du président de la République qu’il dise à tous, et d’abord à cette fraction de la jeunesse immigrée qui, pendant que les autres bossent et râlent comme tout le monde, se plaignent et accusent la France : « La France est une chance pour vous ! À vous de la saisir. »

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