Un article sur Napoléon paru dans le New York Times m’a fait bondir.
L’Empereur, dont on commémore le bicentenaire de la mort le 5 mai y est dépeint en suprémaciste blanc, incorrigiblement raciste, sexiste et despotique. On n’en attendait pas moins de l’ex-grand journal new-yorkais devenu le propagandiste en chef des dingueries minoritaires. Une certaine Madeleine Dault, qui se déclare « femme noire d’origine haïtienne et spécialiste du colonialisme français » se désole qu’après une glorieuse année de déboulonnage des statues d’esclavagistes/colonialistes, la France prétende célébrer un homme qui, a été « l’architecte d’un génocide moderne, dont les soldats ont tué mes ancêtres dans des chambres à gaz ». Napoléon, Hitler, même combat.
Ce qui est excessif est insignifiant, n’est-ce pas ?
De moins en moins. Les pires outrances, comme le racisme d’État ou le privilège blanc sont discutées doctement. Sur Napoléon, l’intimidation fonctionne depuis longtemps : souvenez-vous du refus de l’Élysée de commémorer Austerlitz en 2004. Apparemment, l’Élysée tient bon. Mais décoloniaux et intersectionnels ont une palanquée d’idiots utiles, comme Jean-Marc Ayrault ou Jean-Louis Debré avec leur « N’en faisons pas trop sur les commémorations, ce serait perçu comme une provocation ». Madame Dault nous reproche en substance de résister à la cancel culture. Elle se trompe aussi sur ce point.
Peut-on même condamner le rétablissement de l’esclavage dans les colonies en 1802 ?
Certes, encore faut-il comprendre qu’il n’est nullement dicté par le racisme mais par la rivalité franco-anglaise et le lobbying des planteurs qui veulent conserver leur main-d’œuvre gratuite, comme leurs concurrents anglais.
Ce procès permanent du passé avec les lunettes morales d’aujourd’hui est un crime intellectuel. Quoi qu’en disent les francophobes, le monde de Napoléon est largement esclavagiste. Ils lui reprochent d’être de son temps, un temps où la vie des individus valait moins que la grandeur des nations.
Les francophobes ? On peut aimer la France sans aimer Napoléon, non ?
Oui, on peut aimer une France qui aurait l’histoire de la Suisse. Une France sans Louis XIV et sans De Gaulle. Mais le procès de Napoléon est toujours celui de la France. Pour Madeleine Dault, le racisme est au cœur du projet républicain. Pourtant, le crime de Napoléon, ce n’est pas le suprémacisme blanc, mais le suprémacisme français : il voulait que la France domine le monde. Désormais, les adeptes de la précaution laissent à d’autres le soin de nous dominer. Qu’on nous laisse au moins la nostalgie de la grandeur.