Comme chaque mois de décembre, c’est le retour des crèches de Noël et de leurs polémiques en marronier...
Nous sommes le 1er décembre, synonyme de retour des sapins et des décorations de Noël dans nos villes (sauf pour les Bordelais privés d’arbres morts). C’est également le temps de l’installation des crèches de Noël. Certaines seront exposées devant des églises ou sur des places de villages. D’autres, celles qui créent la discorde, seront dans des bâtiments publics ou juste devant. Je ne sais pas si Laurent Wauquiez récidivera à Lyon devant l’hôtel de région. Aussi, il est probable que des élus vendéens sacrifieront à cette tradition. Mais il y en a une qui sera visible dès vendredi dans la cour d’honneur de la mairie de Béziers. La polémique a déjà commencé et sera sans doute suivie d’une bataille juridique qui sera tranchée quand l’âne, le bœuf et l’enfant Jésus auront rejoint leurs cartons.
Est-ce une entorse à la laïcité ?
Oui, si on s’arrête à l’article 28 de la loi de 1905 qui interdit “d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics”. C’est notamment l’argument de la préfecture de l’Hérault et du tribunal administratif. Comme en Vendée, ce couple décisionnaire a demandé le retrait des crèches biterroises.
Cependant, il y a une décision de 2016 du Conseil d’État plus subtile et passée plus inaperçue. Dans l’espace public en général, les crèches sont autorisées s’il n’y a pas de prosélytisme. Dans les bâtiments publics, elles restent interdites, sauf si « l’installation présente un caractère culturel, artistique ou festif ». Or, dans le Sud, les santons sont un art des classes populaires. Ils représentent les métiers, les mythologies régionales comme la partie de cartes de Pagnol. À Lyon, dans beaucoup de villes du Sud, les crèches ont été validées par le tribunal administratif grâce aux santons.
Et puis, est-ce seulement un symbole religieux ?
D’abord, au sens strict c’est faux. Selon Brighelli, il n’est nullement question dans la Bible d’animaux qui adorent Dieu. Les crèches ont même été interdites par le Concile de Trente. Elles sont un mélange de légendes païennes, de superstitions, de traditions artisanes. Comme le père Noël. Ainsi, à Marseille, un santon est en rupture de stock et pas des moindres : celui de Didier Raoult. Certes, pour certains, c’est un dieu vivant. Mais on est assez loin de la foi catholique.
Ce n’est pas une question de religion, donc pas une question de laïcité, mais d’identité, de traditions. En réalité, les adversaires des crèches ne sont pas des défenseurs sourcilleux de la laïcité mais des adversaires résolus de l’identité française. L’idée même qu’une telle chose existe serait presque raciste en elle-même.