Retrouvez "Lévy sans interdit" avec Élisabeth Lévy tous les matins du lundi au vendredi.
Ca c’est fait. En bon disciple de François Mitterrand, Jean-Luc Mélenchon a plumé la volaille socialiste. Certains éléphants protestent comme Hidalgo ou Stéphane Le Foll. D’autres comme Ségolène Royal ont vu la vierge. La jeune garde se prosterne devant la puissance. Olivier Faure a dit : "ceux qui ne sont pas contents n’ont qu’à partir. Pareil chez les verts, ça risque d'exploser." Bref Mélenchon pourrait s’exclamer : la Gauche c’est moi.
C'est deux poids deux mesures : imaginez que les LR négocie avec le RN ou Reconquête, que n’entendrait-on sur le retour de la bête immonde ! Avec l’extrême gauche personne ne s’offusque, personne ne lui reproche son histoire. Ni d’ailleurs ses faiblesses pour Poutine ou Chavez.
En attendant, sans Mélenchon, il n’y aurait peut-être plus de gauche du tout
Oui. Mais sous des atours nouveaux, la gauche recommence les erreurs du passé. Elle réactive la stratégie de Terra Nova qui en 2011 avait théorisé l’abandon de la classe ouvrière old school comme le dit Michel Onfray. Le PS devait se tourner vers un nouvel électorat urbain « les diplômés », « les jeunes », « les minorités» réunis par « des valeurs culturelles, progressistes ». En clair, il s’agissait d’envoyer au diable, c'est à dire chez Le Pen, les classes populaires de souche, pas assez multiculti et immigrationnistes et de sceller l’alliance des bobos et des immigrés, érigés en prolétariat de substitution. Ce qui fut fait.
Jean-Luc Mélenchon ne s’adresse plus aux immigrés mais aux musulmans, dont il flatte la fibre victimaire. Ce clientélisme a payé : 69 % des musulmans ont voté pour lui contre 37 % en 2017.
Bref, cette gauche nouvelle reconduit la stratégie qui a conduit l’ancienne dans le mur. Elle prend la responsabilité de décourager l’intégration et d’encourager la sécession islamiste, et proclame son mépris pour les « gens ordinaires », comme disait Orwell. À l’époque de Terra Nova, Macron n’existait pas. Le PS pouvait imaginer se passer des classes populaires pour devenir le parti de la bourgeoisie branchée. Aujourd’hui, la place est occupée. La gauche sans le peuple, voire contre le peuple, est sans avenir. Si elle continue sur cette lancée, le peuple finira par se passer de la gauche. Et le pays aussi.