Parlons du débat sur l’islamo-gauchisme à l’université.
Une guerre idéologique à bas bruit déchire le monde universitaire, relancée le 22 octobre, après l’assassinat de Samuel Paty. Jean-Michel Blanquer déclare que « l’islamo-gauchisme fait des ravages à l’université », estimant que l’assassin a été « conditionné par des gens qui encouragent cette radicalité intellectuelle ». Le lendemain, la Conférence des présidents d’universités joue les vierges outragées et fait part de son émotion, affirmant que les facultés ne sont pas des “lieux d’expression ou d’encouragement du fanatisme”.
Le ministre et les présidents d’université, c’est une bataille très feutrée.
Sauf que les universitaires sont entrés dans la danse. Tout a commencé le 31 octobre, avec le “manifeste des cent” dans le monde qui soutient Jean-Michel Blanquer et qui écrivait notamment : “Les idéologies indigéniste, racialiste et décoloniale nourrissent une haine des « Blancs » et de la France ; ce qui nous menace, c’est la persistance du déni.” Ce texte est signé par les plus grands intellectuels français : Marcel Gauchet, Pierre Nora, François Jacob, Gilles Kepel.
Le 4 novembre, il y eut cette réponse : “la pétition des 2000”, toujours dans Le Monde. Ce texte s’indigne de l’appel à la police de la pensée et dénonce un vocabulaire d’extrême droite.
Enfin, ce week-end, dans un entretien au vitriol, Pierre-Henri Tavoillot, professeur de philosophie à la Sorbonne, lance “L’entrisme islamo-gauchiste est une réalité”.
On ne peut pas interdire un courant de pensée à l’université…
Certes, mais qui interdit, qui censure, qui intimide, qui harcèle et qui est censuré ? Il y a depuis une dizaine d’années, une multiplication des incidents dont la plupart restent ignorés du public. Ce ne sont pas les gauchistes qui sont interdits de parole mais Alain Finkielkraut, Mohammed Sifaoui, Philippe Val, Sylviane Agacinski qui ne peut donner sa conférence sur la GPA. C’est aussi le linguiste Jean Slamowicz, qui ne peut pas faire une conférence sur l’écriture inclusive car écrit dans ce torchon raciste et sexiste que serait Causeur.
Il y a une imprégnation d’une partie des professeurs et une peur des autres. Ainsi peut-on tranquillement enseigner qu’il y a un racisme d’État en France ou que la statuaire grecque est phallocratique. Mais on ne peut pas critiquer le néo-féminisme à Sciences Po ou Normale Sup.
Que faut-il faire ?
D’abord, on attend que la ministre et les autorités universitaires se réveillent et fassent respecter le pluralisme. Ensuite, Tavoillot demande un rapport Obin sur l’université pour recenser les atteintes à la laïcité. Mais les militants (les 2000) ne veulent pas savoir et surtout ne veulent pas que le public sache. Or, le refus de savoir est une curieuse conception de la liberté académique.