Après les violences policières, on a assisté à un déchaînement de violences anti-policières.
Il ne s’agit pas d’un match entre bandes rivales à l’issue duquel on compte les points. La violence des Black Blocks n’exonère pas les policiers qui ont frappé le producteur. Et inversement. Cependant, le téléscopage entre deux images - celle du producteur frappé puis celle du policier roué de coups samedi à Paris - pose beaucoup de questions. Comme l’a tweeté Linda Kebbab, il y a eu policiers blessés samedi pour protéger la protestation contre les violences policières. Quel est le rapport entre ces deux réalités ? N’y a-t-il pas un deux poids deux mesures ?
N’y a -t-il pas une émotion à géométrie variable ?
L’affaire Zecler a fait la une de tous les médias. Le président de la République a fait part de sa honte. Aujourd’hui, il y a même des Unes sur l’article 24 (qui par ailleurs n’aurait nullement empêché de filmer et de diffuser la vidéo du producteur tabassé). Ensuite, il y a une différence de réponse pénale. Deux des policiers sur les quatre concernés ont été écroués, ce qui est particulièrement sévère pour des primo-délinquants. De plus, ils ont été condamnés non seulement par les médias, mais aussi par leur ministre qui a annoncé leur révocation en s’asseyant sur la présomption d’innocence. Lors des manifestations où on a vu des actes particulièrement violents, il y a eu 81 interpellations, 29 gardes-à-vue, quatorze défèrements à la justice, trois en comparution immédiate. Je serais étonnée que ces trublions dorment en prison.
Certes, on attend des policiers qu’ils ne se comportent pas comme des voyous.
Mais si on veut qu’ils soient irréprochables, il faut que leurs agresseurs soient sanctionnés. Ensuite, près de cent policiers ont été blessés samedi et près de 10 000 en 2019, la violence systémique n’est pas du côté que l’on croit. Les agressions contre les forces de l’ordre sont devenues la norme. Pour les délinquants des cités, pour les Black Blocks, pour une partie des Gilets jaunes, casser du flic est un système.
Il y a eu aussi des milliers de blessés chez les manifestants.
Pour l’essentiel, ce sont des violences commises dans le cadre d’un maintien de l’ordre particulièrement difficile. Surtout qu’on demande spécifiquement aux manifestants de ne pas aller au contact.
Le problème, c’est que la peur a changé de camp. Les policiers de l’affaire Zecler ont parlé de leur panique. À l’évidence, les casseurs de samedi n’avaient pas peur. Il faut rétablir la confiance de la société dans sa police, dit-on. Il est tout aussi urgent de rétablir la confiance des policiers dans ceux qu’ils doivent protéger.