Revenons sur la déclaration fracassante d’un directeur de l’Assistance publique de Paris.
Deux salles, deux ambiances. Jeudi, lors de son hebdomadaire conférence de presse, Jean Castex annonçait qu’il n’annoncera rien et espère tenir avec le couvre-feu. Vendredi, c’est Bruno Riou, directeur de crise de l’APHP qui convie les journalistes. Nous allons à la catastrophe, dit-il. « Je n’ai à proposer qu’un discours churchillien sur le sang et les larmes. » Cela fait évidemment allusion au discours du 13 mai 1940, lorsqu’une fois l’invasion de la France entamée, Winston Churchill s’adresse aux Communes.
La comparaison est-elle justifiée ?
C’est totalement hors de propos pour être aimable. À l’époque, il s’agit, dit Churchill, « d’engager le combat contre une monstrueuse tyrannie ». L’enjeu, c’est la survie de la Grande-Bretagne comme pays souverain et des Britanniques comme peuple libre. Nous vivons une épreuve douloureuse certes, mais notre existence nationale n’est pas menacée. Pas par le virus, peut-être par la peur. Si des libertés sont suspendues, il nous reste les plus précieuses, celle de penser et la liberté d’expression. Cela montre surtout l’inanité de la métaphore guerrière. La guerre, c’est l’exercice de la violence. Les médecins combattent par le savoir. Ils ne sont pas au feu.
Mais les médecins doivent sonner l’alarme si la situation s’aggrave, n’est-ce pas ?
Sauf que, qu’ils le fassent publiquement et ce, trois fois par jour, ça se discute. Beaucoup annoncent sans cesse le pire, on finit par penser qu’ils noircissent le tableau pour qu’on soit sages. Riou conteste déjà frontalement la légitimité du Premier Ministre. Et en fait d’alarme, il nous fiche une trouille bleue. « La situation est terrorisante. » Si M. Riou est terrorisé, qu’il change de métier. Que veut-il obtenir ? Et sait-il si la situation hors des hôpitaux n’est pas aussi terrorisante ?
Oui, la situation est sérieuse, les systèmes hospitaliers ne sont pas dimensionnés pour un événement exceptionnel. Mais ce n’est pas la guerre. Heureusement, parce qu’il n’y a pas de Churchill en vue