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En Corse, des milliers de voyageurs bloqués par une grève

Des milliers de voyageurs étaient toujours bloqués vendredi en Corse à cause d'un mouvement de grève lancé jeudi autour de l'avenir de la gestion des ports et aéroports de l'île.

Pascal POCHARD-CASABIANCA - AFP

Des milliers de voyageurs étaient toujours bloqués vendredi en Corse à cause d'un mouvement de grève lancé jeudi autour de l'avenir de la gestion des ports et aéroports de l'île.

Les six ports de l'île étaient toujours bloqués vendredi après-midi, selon les deux préfectures de Corse. Selon la préfecture maritime de Méditerranée, cinq navires de passagers patientaient en mer à proximité des ports d'Ajaccio et Bastia, faute de pouvoir accoster, avec environ 2.100 personnes à bord au total.

Côté avions, seuls les vols du service public de "continuité territoriale" -vols Air France et Air Corsica au départ de l'île vers Paris, Nice et Marseille- ont été assurés, ont précisé les préfectures.

Ces vols sont utilisés par des patients corses pour aller se faire soigner sur le continent. C'est la raison pour laquelle ils ont pu décoller, a précisé à une journaliste de l'AFP une source aéroportuaire, expliquant qu'un tel blocage était inédit depuis 19 ans.

Aucun autre avion n'a pu décoller.

"On attend les prochaines informations mais pour le moment c'est une longue journée, on ne sait pas trop où on va", a expliqué à l'AFP Layna Gecko, étudiante dont le vol pour Bordeaux a été annulé et qui a passé la nuit à l'aéroport d'Ajaccio.

Le port d'Ajaccio bloqué le 3 octobre 2024 par un mouvement social spontané

Le port d'Ajaccio bloqué le 3 octobre 2024 par un mouvement social spontané

Pascal POCHARD-CASABIANCA - AFP

"Les prochains (vols) c’est pour lundi, donc ça va être un peu long je pense", a renchéri Luna Piasta, étudiante qui devait aussi s'envoler pour Bordeaux.

Les préfectures ont activé des numéros d'information, pour la Haute-Corse (08 06 00 01 49) et la Corse-du-Sud (04 95 11 12 92).

Le ministre délégué aux Transports, François Durovray, a expliqué sur FranceInfo faire "de la reprise du trafic un préalable", assurant avoir "demandé au préfet de Corse de rétablir le dialogue avec la collectivité locale".

Ce mouvement social a suivi le cri de colère jeudi du président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, face aux réticences exprimées par un représentant du préfet sur un dispositif permettant à la Chambre de commerce (CCI) de continuer à gérer les aéroports et ports de l'île.

Sur ce dossier, l'entourage de Gilles Simeoni a indiqué vendredi à l'AFP que "des échanges" avec la ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation Catherine Vautrin ou son cabinet étaient en cours depuis jeudi soir et qu'aucune évolution de la situation n'était pour l'heure actée.

Vendredi, le maire (divers droite) d'Ajaccio, Stéphane Sbraggia, a appelé à "la levée du blocage des ports et aéroports", jugeant les "inquiétudes des personnels (...) compréhensibles" mais estimant que "la paralysie totale imposée à nos villes" ne pouvait "se prolonger davantage".

Le fond du problème entre la collectivité de Corse et l'Etat reside dans la création envisagée de deux syndicats mixtes ouverts (SMO) portuaire et aéroportuaire d'ici la fin de l'année.

Jeudi matin, Alexandre Patrou, secrétaire général aux affaires corses (Sgac), avait estimé devant une assemblée générale de la CCI que le fait que ces SMO, dont la CCI serait membre, accordent des concessions à cette même CCI, afin qu'elle puisse continuer de gérer les ports et aéroports de l'île à partir du 1er janvier 2025, posait "un risque juridique important".

- "Déclaration de guerre" -

"Une déclaration de guerre" de l'Etat, avait répliqué M. Simeoni: "Il n'y aura pas de groupes internationaux qui gèreront les ports et les aéroports de Corse", avait-il tonné jeudi.

Quelques heures plus tard à peine, les syndicats de la CCI lançaient un mouvement de grève, bloquant instantanément les six ports et quatre aéroports de l'île.

Des passagers attendent devant l'aéroport Napoléon Bonaparte d'Ajaccio, en Corse, le 3 octobre 2024

Des passagers attendent devant l'aéroport Napoléon Bonaparte d'Ajaccio, en Corse, le 3 octobre 2024

Pascal POCHARD-CASABIANCA - AFP

Il n'y a "aucune velléité de la part de l'Etat" de confier à des groupes privés la gestion des ports et aéroports insulaires, a pourtant assuré jeudi soir à l'AFP le préfet de Corse. Mais une gestion par SMO, pour laquelle l'Etat "n'a aucune opposition", devrait avoir lieu en "régie directe", pour éviter "le risque juridique", a-t-il précisé.

Ces SMO seront en effet un partenariat public-privé entre la Collectivité de Corse et la CCI et il est donc risqué juridiquement de confier la gestion en délégation à l'un des deux organes directeurs, ce qui pourrait être "interprété comme une volonté de contourner le code de la commande publique", selon le préfet.

M. Durovray a évoqué vendredi une possible "incompréhension" lors de la réunion de jeudi. Mais "je ne pense pas que cela justifie le mouvement social (...) qui pénalise gravement les usagers", a-t-il dit.

Par Maureen COFFLARD / Ajaccio (AFP) / © 2024 AFP

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