Verra-t-on encore dans quelques années en France des lapins de garenne, des campagnols et des visons ? Rien n’est moins sûr tant la situation de certaines espèces mammifères (sans compter les insectes et les oiseaux) est aujourd’hui préoccupante. Ainsi, un tiers d’entre elles seraient aujourd’hui menacées. Un constat auquel réagit ce vendredi Jean-David Abel, vice-président de France Nature Environnement et invité du Grand Matin Sud Radio, qui en explique les raisons.
"Cela dépend des espèces mais globalement il y a trois facteurs. Premièrement, l’artificialisation des sols et des ruptures des connexions écologiques : tout ce qui est infrastructures, collisions, routes, etc. Deuxièmement, les pratiques agricoles, notamment la suppression des haies, les remembrements, la perte de bocage, etc., qui sont problématiques pour de nombreuses espèces. Troisièmement, toujours dans l’agriculture, il y a la question des pesticides qui suppriment énormément d’insectes et donc de bases alimentaires pour d’autres espèces mammifères ou oiseaux. Il peut aussi y avoir d’autres causes pour les mammifères marins, telles que la pollution chimique, l’intensification des sonars, etc.", analyse-t-il. Il déplore par ailleurs l’inaction générale face à cette situation. "En suivant ces espèces, on voit qu’elles sont de plus en plus en difficulté, on sait pourquoi elles le sont, et malgré tout les pouvoirs publics et les secteurs professionnels n’agissent pas", regrette-t-il.
Alors que certaines espèces très médiatiques comme l’ours ou le loup font l’objet de programmes spécifiques, Jean-David Abel assure que ces deux derniers sont toujours sur le fil du rasoir. "Le loup est toujours en danger, car d’un point de vue viabilité génétique, il n’est pas encore dans une situation de développement qui permettrait de dire que cette espèce n’est pas en danger. Pour l’ours, c’est compliqué car si la population des Pyrénées centrales se développe un petit peu, il y a un noyau occidental qui est en danger selon les experts du muséum et qu’il faudrait renforcer très rapidement avec deux femelles", rappelle-t-il tout en reconnaissant que "certaines espèces comme les loutres ou les bouquetins se portent effectivement mieux grâce à des réintroductions".
Retrouvez en podcast toute l’interview de Jean-David Abel dans le Grand Matin Sud Radio