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Êtes-vous inquiet quand vous empruntez un pont aujourd’hui en France ?

Michel Dagbert, sénateur du Pas-de-Calais, co-rapporteur de la mission d'information sur la sécurité des ponts, et Jean-Marc Dumoulin, maire de Villemur-sur-Tarn en Haute-Garonne, étaient les invités du débat du matin sur l’antenne de Sud Radio le 3 août, avec Benjamin Glaise et Judith Beller.

Le pont de Mirepoix. (Christine Bouillot / Sud Radio)

Deux ans seulement après son dramatique effondrement, le nouveau pont Morandi est inauguré aujourd’hui à Gênes. 43 personnes avaient trouvé la mort lors de cette catastrophe. Et en France, deux ans après, quel est l’état de nos ponts ?

 

25.000 ponts en mauvais état

Michel Dagbert, sénateur du Pas-de-Calais, co-rapporteur de la mission d'information sur la sécurité des ponts, avait alerté de manière forte sur l’état des infrastructures en France. "Nous nous sommes posés la question quand le drame a eu lieu en Italie : est-ce qu’un drame comme celui-là peut arriver en France ? Nous nous sommes rendus compte qu’aujourd’hui, nous sommes dans l’incapacité de dire le nombre d’ouvrages d’art qui existent sur le territoire. C’est assez incroyable ! Nous avons une évaluation entre 200.000 et 250.000 ponts routiers en France, soit un pont tous les 5 km."

"Il faut savoir que 90% de ces ouvrages d’art sont gérés par les collectivités à peu près 50% par les départements, le reste étant l’affaire des communes et des intercommunalités, explique Michel Dagbert. L’État ne gère qu’une toute petite partie de l’ensemble de ces ouvrages, 10% à peu près, dont certains concédés aux concessionnaire autoroutiers." Autour de 10% de ces ouvrages représenteraient une menace ? "On estime que 24.000 ouvrages, dont 12.000 sur le réseau national non concédé, font partie des points à surveiller, détaille Michel Dagbert. Plus inquiétant, 25.000 ponts sont en mauvais état structurel. Nous avons un parc vieillissant pour lequel un certain nombre de travaux d’entretien n’ont pas été programmés. C’est dû à la baisse d’investissement d’un certain nombre de collectivités. Dans le monde rural, les maires sont dépourvus de moyens financiers pour faire face à l’entretien et à la réparation."

 

Le pont de Mirepoix, un déclencheur

"On a l’avantage d’avoir la maîtrise du Conseil départemental sur les plus gros ouvrages, estime pour sa part Jean-Marc Dumoulin, maire de Villemur-sur-Tarn en Haute-Garonne. Mais il n’y a pas de vrais expertises mécaniques, techniques, à fond. Il y a beaucoup de contrôles visuels. Le pont de Mirepoix, qui s’est effondré il y a un an, avait été contrôlé. Il y a aussi des défauts de civilités, avec des gens qui empruntent des ouvrages. Nous avons aussi un pont provisoire posé après les crues de 1930 : les usages ont changé, de nombreux tuyaux d’eau ont été posés dessous et cela réduit le tonnage. Il suffirait de stationner pour que l’on soit rapidement en surcharge."

Quelles mesures prendre ? "Cela rentre dans une démarche globale. Le déclin fort a quand même été l’effondrement du pont de Mirepoix, reconnaît le maire de Villemur-sur-Tarn. Mais nous sommes sur un territoire assez actif. Quand vous êtes sur un département à faible capacité financière, vous ne pouvez pas faire. Vous avez un maillage d’ouvrage difficile à maîtriser. On se retrouve aujourd’hui sur des constats de remise aux normes de certains ouvrages dont on n’a pas même connaissance."

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