Pour en parler, Étienne Decroly, directeur de recherches au CNRS à Marseille et spécialiste du coronavirus, était l'invité de Patrick Roger le 20 avril 2020 dans l’émission "C’est à la une" sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 8h10.
"Des essais thérapeutiques pourront sans doute commencer dans quelques semaines"
"Plusieurs avancées significatives ont été faites au niveau de la recherche fondamentale, les médicaments. Dans les laboratoires, on en est au repositionnement de molécules, c’est-à-dire qu’il y a des essais qui sont faits sur des cellules infectées. On est en train de regarder sur l’ensemble de la pharmacopée quels sont les composés capables de faire tomber le virus en culture de cellules.
Les premiers résultats sont en train de sortir. Dans quelques semaines sans doute, on va avoir un certain nombre de molécules dont on sait qu’elles ne sont pas toxiques, qui seront utilisées chez des patients qui pourront éventuellement rentrer dans des essais thérapeutiques. Il est important d’avoir suffisamment de molécules en essai thérapeutique", a fait savoir Étienne Decroly.
"Il ne faut pas trop se précipiter"
Le chemin jusqu’aux essais cliniques n’est toutefois pas des plus faciles. "Des processus de recherche sont toujours des processus lents. Il ne faudrait pas tomber dans l’écueil qui consisterait à donner des médicaments trop rapidement, pour se rendre compte a posteriori qu’ils sont toxiques. C’est pour ça qu’un certain nombre de procédures doivent être respectées, c’est ce qu’on appelle des essais thérapeutiques. On doit évaluer l’efficacité des médicaments. Car il y a des médicaments qui marchent sur des cellules infectées mais qui ne marchent pas sur des patients. C’est sur la base de cela qu’on pourra proposer une véritable thérapie antivirale".
"Le retour au travail des personnes précédemment infectées sera facilité"
Comme l’a expliqué Étienne Decroly, il faut bien distinguer deux types de tests. "Les tests sérologiques servent à déterminer s’il y a des anticorps chez la personne. S’il y en a, cela atteste qu’on a été infecté précédemment. Ces personnes, en tout cas, la plupart, sont désormais protégées. Leur retour au travail sera facilité. Ceci dit, il faut savoir qu’une proportion importante des personnes infectées par le coronavirus sont asymptomatiques ou très faiblement symptomatiques. On voit l’épidémie comme un iceberg, où 9/10 de l’iceberg ne seraient jamais détectés aujourd’hui.
Mais aujourd’hui, on utilise les tests RT-PCR. Ces tests servent à savoir si le virus est présent chez le patient. Si on veut sortir du confinement le plus rapidement possible, il faut augmenter la capacité en nombre de tests. C’est la clé pour endiguer le rebond d’infection".
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