Une tribune de Michel Houellebecq sur l’euthanasie fait grand bruit.
Forcément, impossible d’éluder le télescopage du calendrier. Depuis un an, le mot d’ordre des soignants est « sauver des vies ». Demain, l’Assemblée Nationale examinera la proposition de loi d’Olivier Falorni ouvrant un droit au suicide assisté aux patients atteints de maladies incurables. On ne parle plus de mourir dans la dignité, expression laissant penser que ceux qui veulent vivre, même diminués, manqueraient de dignité, mais du « droit à une fin de vie libre et choisie », formule presque comique. La mort est précisément ce qui échappe à la toute-puissance de l’individu : on ne choisit ni le lieu ni l’heure.
C’est un sujet qui divise tous les groupes politiques. Des élus Les Républicains ont déposé des milliers d’amendements qui bloqueront le texte, 272 députés le défendent, notamment la macroniste Yael Braun-Pivert et Jean-Luc Mélenchon. L’euthanasie fait désormais partie de la panoplie progressiste – les macronistes parlent d’un marqueur sociétal. Un signe de modernité. Être contre serait « réac ».
Les médecins eux-mêmes sont également divisés : 72 ont signé une tribune. « Non, nous ne pourrons pas provoquer délibérément la mort, même si la société nous le demande ». Soulager, oui. Tuer, non.
Ceux-ci ont donc reçu le soutien de Michel Houellebecq, d’un ton toujours aussi grinçant – « la dignité, on peut très bien vivre sans » – et grave : « une société qui légalise l’euthanasie perd tout droit au respect ».
Est-il plus respectable de laisser des gens souffrir ?
C’est le centre de son argumentation. « Personne n’a envie de mourir. On préfère en général une vie amoindrie à pas de vie du tout ». Ensuite, « personne n’a envie de souffrir physiquement ». Enfin, « on peut éliminer la souffrance », ce que la plupart des gens ignorent d’où les majorités écrasantes en faveur de l’euthanasie dans les sondages.
La loi Léonetti proscrit l’acharnement thérapeutique. De plus, dans le secret des hôpitaux et des relations médecins/malades/familles, des médecins aident en conscience leurs patients à mourir. Légiférer, c’est une toute autre chose.
Dans la tribune des députés favorables à l’euthanasie, on peut lire : « Le législateur se doit de reconnaître et de garantir un droit nouveau ». Prétendre domestiquer la mort par le droit, c’est un mélange de naïveté et d’arrogance. Cela revient tout bonnement à refuser la condition humaine.