Philippe Douste-Blazy et l’explosion de l'usine AZF : "sur la rocade, c’était un paysage d’apocalypse"
Il y a tout juste 20 ans, l’explosion de l’usine AZF faisait 31 morts : ce fut le plus grand accident industriel en France depuis 1945. Une gigantesque déflagration rasait l’usine, dix jours après les attentats de New York. "Il était 10h17, j’étais à mon bureau, place du Capitole, se souvient Philippe Douste-Blazy, ancien ministre et ancien maire de Toulouse. J’étais au téléphone, j’ai entendu une première détonation, puis une deuxième terrible. À tel point que les fenêtres explosent et que leur armature traverse la pièce, qui était immense. Je pense immédiatement à un attentat, j’ai cru que c’était dans la mairie même. Je sors sur la place, personne ne me parle d’AZF. Mais on me parle d’un éventuel attentat sur la cuve à kérosène d’Airbus. Très vite, on m’explique que c’est ce que l’on appelle à l’époque à Toulouse la poudrerie."
"Je vais là-bas avec mon chauffeur, j’arrive sur la rocade, c’était un paysage d’apocalypse. Les voitures étaient sur le toit, Les gens saignaient, hagards, et couraient, raconte Philippe Douste-Blazy, ancien ministre et ancien maire de Toulouse. Nous crevons les quatre pneus, mais nous arrivons devant les portes de l’usine. On voyait des centaines de personnes sortir ensanglantées. On s’aperçoit avec le colonel de gendarmerie que c’est l’usine à côté qui fabrique du carburant pour les fusées nucléaires. Elles utilisent du phosgène, un gaz mortel. Notre obsession était de savoir s'il pouvait y avoir une fuite de ce gaz mortel."
Philippe Douste-Blazy et l’explosion de l'usine AZF : "On a parlé d’attentat à l’époque"
L'explosion de l'usine AZF, il y a tout juste vingt ans, a tué 31 personnes et fait plusieurs milliers de blessés. "Mais s'il y avait eu une fuite de gaz, c’eut été effrayant. Mon premier réflexe de maire et de médecin a été de mettre en place un véritable hôpital de guerre, explique Philippe Douste-Blazy, ancien ministre et ancien maire de Toulouse. Cela a très bien fonctionné. Vingt ans après, je voudrais dire bravo à tous les soignants des hôpitaux publics et privés. Pendant quatre jours et quatre nuits, ils ont travaillé sans cesse." Pour autant,"il faut penser aux victimes, aux familles endeuillées qui ne s’en sont pas remises, aux personnes qui ont perdu l’ouïe. Il y a encore des souffrances aujourd’hui à Toulouse."
"Au début de l’enquête, toutes les hypothèses étaient là. Il y avait même des rumeurs très fortes. Très vite, on explique et prouve qu'il s'agissait de deux composés chimiques mis ensemble par erreur. Cela a fini par une explosion. On a parle d’attentat à l’époque, souligne Philippe Douste-Blazy, ancien ministre et ancien maire de Toulouse. Certains proposent que l’on donne le nom d’une rue à l’une des victimes, Hassan Jandoubi, accusé à tort d’avoir provoqué l’explosion. Cependant, " c’est le maire de Toulouse qui décidera. Je pense qu’il doit y avoir une rue portant le nom d’un salarié et d’une victime. Toulouse a souffert et nous avons fait de ce lieu un lieu d’esprit et de vie, un des plus grands centres de lutte contre le cancer."
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"C'est la faute de l'usine, incontestablement"
"On a approché la mort de près"