"Près de 13.000 victimes l'année dernière, brebis, chèvres, chevaux, chiens massacrés dans des conditions atroces"
Le ministre de l'Agriculture, invité ce matin sur Sud Radio, a dit entendre les éleveurs, qui estiment qu'il y a trop de loups en France, et a promis de relever le seuil d'abattage. Pour Olivier Maurin, éleveur de brebis en Lozère et coprésident de la FNDP (Fédération nationale de défense du pastoralisme), "ce n'est pas fait ! On peut saluer les propositions et les annonces du président Macron sur cette régulation, mais il était temps ! Avec près de 13.000 victimes l'année dernière, brebis, chèvres, chevaux, chiens massacrés dans des conditions atroces.
Ce qu'a dit le ministre sur votre antenne est plutôt positif, il connaît très bien le dossier, il est de la Drôme, son père était berger. Mais il faut beaucoup plus de lucidité et de précision sur cette régulation. Le président Macron parle de 18% de loups prélevés au cours de l'année 2019. On était sur un seuil de 12%. Il y a certes une petite augmentation, mais sur quelle base on part ? 500 ou 900 loups comme l'a annoncé le délégué régional de l'ONCFS ? Les chiffres officiels ne sont pas sortis mais ce qu'il se prépare, c'est entre 500 et 530 loups reconnus par l'ONCFS. En juillet 2016, la ministre Royal nous annonçait 280 loups ; trois ans plus tard, on nous en annonce officiellement 530, 30% d'augmentation par an."
"L'espèce menacée aujourd'hui, c'est l'éleveur !"
Peut-il y avoir une cohabitation entre les troupeaux, les éleveurs, la population dans ces zones et les loups ? "Je ne le crois pas. Je ne vous le dis pas par idéologie mais par pragmatisme. Depuis 1995 et le retour des loups en France, les 25 années de cohabitation forcée montrent qu'on est parti de deux départements 'prédatés' et 200 à 300 animaux tués et en 2018, 13.000 brebis massacrées, 40 départements de présence du loup en France, 40% de diminution du cheptel ovin en 10 ans. Il n'y a pas de cohabitation. Aujourd'hui, on éradique les éleveurs ! L'extension du loup est croissante, l'espèce menacée aujourd'hui, c'est l'éleveur !
Aujourd'hui, il y a une idéologie très puissante portée par des lobbies, et de l'autre côté, du pragmatisme avec des éleveurs avec des fourches et des bâtons ! L'Union internationale pour la conservation de la nature se bat depuis plus de 30 ans pour les projets de réintroduction des grands prédateurs en Europe. En réalité, c'est moi qui suis dans la nature tous les matins, avec mon troupeau de brebis du 1er janvier au 31 décembre sans vacances, sans repos. La ruralité est méprisée : il y a d'un côté les victimes, ceux qui sont sur le territoire, éleveurs, bergers et élus, et de l'autre, les idéologues, avec des moyens colossaux."
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