Combien ont coûté les Gilets Jaunes depuis des mois ? C’est la question à laquelle tente de répondre une mission parlementaire. Mission qui a remis son rapport à Matignon. La facture est lourde, mais les Gilets Jaunes en sont-ils vraiment responsables ?
Les petits qui trinquent, pas les gros
"Détaillons tout d’abord la facture car elle est salée ; elle prend tout en compte, explique Véronique Jacquier. La dégradation du mobilier urbain, les voitures incendiées, les magasins pillés, les quartiers des centres-villes bouclés… Coût total : 217 millions d’euros." Les parlementaires se basent en fait sur les chiffres des indemnisations payées par les assureurs. En première ligne se trouvent les commerçants qui ont dû se barricader tous les samedis, avec 20 à 30% de perte de chiffres d’affaires. Les centres commerciaux ont eux aussi beaucoup souffert.
Du côté de l’État, il faut non seulement compter 46 millions d’heures supplémentaires à payer aux forces de l’ordre, mais aussi la destruction de 2.400 radars, qui aura coûté 71 millions d’euros. "N’oublions pas ce que l’État a versé dès le début du mouvement pour les 73.000 personnes au chômage partiel : plus de 38 millions d’euros, rappelle Véronique Jacquier. La colère des Gilets Jaunes suscite donc un paradoxe. Elle affaiblit le tissu économique de Français fragiles : les commerçants, les salariés des petites entreprises. Ce sont eux qui trinquent. Pas les gros."
Une société qui se radicalise de plus en plus
Mais la facture est-elle vraiment imputable aux Gilets Jaunes ? "En grande partie, non ! Dès le début du mouvement, certains Gilets Jaunes ont été entraînés à commettre des violences car ils étaient en groupe. Individuellement ils seraient restés calmes. « Peuple, méfie-toi de la foule » disait Victor Hugo. »" Mais ces débordements sont inhérents à toute colère populaire. Et puis sont arrivés les black blocs et les anarchistes qui s’en sont encore donné à cœur joie le 14 juillet. "Et puis, enfin, sont nés les ultra-jaunes, des Gilets Jaunes tombés du côté obscur de la force des black blocs, mais ultra-minoritaires. Les Gilets Jaunes ne sont donc pas vraiment comptables de toutes les violences et les dégradations recensées dans le rapport parlementaire."
Le mouvement aurait-il pu éviter la casse ? "Non, car ce n’est pas le mouvement des Gilets Jaunes en soi qui est violent, estime Véronique Jacquier. C’est la société qui l’est de plus en plus, la société qui se radicalise de plus en plus. Voyez le mouvement des profs grévistes pour qui défier les lois de la République ne pose plus de problème." Pourquoi cette radicalisation dans tous les secteurs de la société ? "Parce que, quelque part, on ne croit plus à la devise « Liberté, Egalité, Fraternité ». Liberté : nous sommes de plus en plus surveillés avec les lois ou les idées émanant du gouvernement. Egalité : nous sommes tombés dans l’égalitarisme. Il n’y a plus d’égalité. Enfin fraternité : nous avons de plus en plus de mal à vivre ensemble en France. Les Gilets Jaunes, eux, ont su ranimer la flamme de la fraternité. Et cela, plus que le chiffrage des dégâts, n’a pas de prix."
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