Peut-on croire que l’église catholique se donne les moyens de traiter le problème de la pédophilie ? "L’Église fait son examen de conscience et dit son acte de contrition, c’est déjà pas mal", estime Véronique Jacquier. Demain, à Rome, des victimes de prêtres pédophiles vont témoigner devant le pape et des évêques. Le scandale fait évoluer les hommes d’Eglise : fini le silence pour ne pas salir l’institution, le déni voire le rejet de la faute sur les médias qui en voudraient à l’église... Le pape François veut libérer la parole des victimes mais aussi des prêtres. "Il y a des brebis galeuses en leur sein. Il y a une réelle volonté de s’attaquer au problème. Ce n’est pas de la « com »…", pour Véronique Jacquier. D’ailleurs, le pape François vient de défroquer un cardinal américain pour des faits d’attouchements sexuels commis il y a quarante ans. Une première dans l’histoire de l’Eglise contemporaine. C’est la fin de l’impunité au sommet de l’institution.
Allonger le délai de prescription
Pour autant, va-t-il sortir quelque chose de constructif de ce sommet anti pédophilie à Rome ? "En principe oui. Le pape emploie des mots très forts qui gênent d’ailleurs certains ecclésiastiques qui n’aiment pas ce grand déballage." "Mettre fin à la culture de l’abus et au système de couverture qui lui permet de se perpétuer." Comment faire ? Non seulement en créant un tribunal ecclésiastique dans chaque pays pour juger les affaires dès qu’elles sont connues, mais aussi en allongeant le délai de prescription.
Il faut enfin "un meilleur discernement dans les séminaires pour barrer la route du sacerdoce aux esprits pervers. Ça ça ne se fera pas tout de suite, mais n’oublions pas que les hommes d’église sont rattrapés par la justice des hommes." Monseigneur Fort, évêque d’Orléans, a récemment été condamné à huit mois de prison avec sursis pour ne pas avoir alerté la justice sur les agissements d’un prêtre qui s’était livré à des attouchements.
Mettre des mots sur la souffrance
Au sein de l’église catholique, "on a du mal à parler de sexualité, estime Justin Boche, journaliste à Lyon Capitale. Ce sont les victimes qui ont mis des mots crus sur ce qui se passait réellement. Du côté des hommes d’église, on a du mal à faire cela." Quel est l’état de santé de ces personnes âgées d’une quarantaine d’années, qui ont subi un traumatisme enfoui, qui ressort à cet âge, d’on la prescription de vint ans à la majorité ? "Avec la parole libérée, ils ont mis des mots sur ce qu’ils ont vécu. Le père Preynat avait une vraie aura sur sa paroisse, et les parents l’adoraient. Il faut comprendre que c’était quelqu’un de puissant, de charismatique, là depuis vingt ans, qui avait une véritable emprise psychologique sur la vie de la paroisse."
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