"Ils sont français avant d’être djihadistes". Après la phrase du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, la question du retour en France des djihadistes partis combattre pour Daesh se pose. Est-ce un argument suffisant ?
La conséquence de l'abandon des Kurdes
Pour la ministre des Armées, Florence Parly, les djihadistes français devaient être éliminés sur place ou jugés par les autorités syriennes. Mais le gouvernement a apparemment complètement changé de position. "Pourquoi ? Parce que le contexte géopolitique n’est plus le même, décrypte Véronique Jacquier. Les Américains vont quitter la Syrie. Les Kurdes qui détiennent dans des camps les djihadistes français vont se faire écraser par les Turcs. C’est un scandale. Les Kurdes ont été extrêmement courageux dans le combat mené contre Daesh et nous les laissons tomber. Avec les Kurdes bientôt laminés, la France ne veut pas voir de dangereux criminels dans la nature."
Pour les maîtriser et les avoir sous contrôle, la France préfère donc les faire rentrer au pays. "Voilà la vraie raison de leur rapatriement, souligne Véronique Jacquier. Quant à la nationalité française des djihadistes, je rappelle que la plupart ont été très fiers de déchirer leur passeport et de combattre contre les intérêts et les valeurs de la France. Ce n’est plus un débat à la mode mais il faudrait les déchoir de leur nationalité et le mieux eût été qu’ils soient jugés par les Syriens".
Seront-ils mieux surveillés en prison en France ? Dans des prisons surpeuplées, il faudra leur garantir un véritable isolement. De plus, pour les revenants de Syrie, les condamnations moyennes sont de huit ans de prison... quand ils les purgent ! Et ils ne sortiront pas meilleurs qu’ils n'y sont entrés. "La gestion de leur dangerosité dans le temps est un immense défi. Mais au moins en rentrant en France, pourront-ils répondre de leurs actes."
Jamais sûr du repentir d'un djihadiste
"Certes, il n'y a pas de situation idéale, reconnaît Guillaume Jeanson, avocat au barreau de Paris et porte-parole de l'Institut pour la justice. Pour moi, les rapatrier serait une erreur. Ce serait faire preuve d’une mémoire extrêmement courte. Ils rêvaient de mettre la France à genoux. Ce sont des gens qui n’ont pas perdu une guerre, mais une bataille, ils restent extrêmement déterminés. Je pense que le gouvernement serait particulièrement inspiré d'écouter David Thomson, le journaliste qui a reçu le prix Albert-Londres justement pour son ouvrage intitulé 'Les revenants'. Il nous dit qu’en réalité, on n’est absolument jamais sûr du repentir d’un djihadiste. Il témoigne de rencontres avec une multitude de personnes, que les femmes des terroristes sont parfois encore plus radicalisées que leurs maris. Et quand on regarde les chiffres concernant ceux qui sont déjà rentrés, sur 232 revenants, 150 sont en prison. A-t-on la capacité de les suivre ? Nous ne sommes pas en mesure d’accueillir des prisonniers aussi dangereux, surtout à l’aube d’une nouvelle crise pénitentiaire'.
Retrouvez "Info Vérité" du lundi au vendredi avec Véronique Jacquier à 7h10 et 9h15 sur Sud Radio, dans la matinale de Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
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